Jean-Baptiste Gurliat : capter l’inédit parisien
Piles et structures sous les ponts de Paris. – Photos : Jean-Baptiste Gurliat/Ville de Paris
Jean-Baptiste Gurliat est photographe pour la Ville de Paris. Avec une équipe de cinq collègues, il doit mettre en valeur les projets municipaux. Le travail de tous s’inscrit dans l’esprit de celui du photographe Marville (voir FORMES, vol. 15, no 2), qui avait pour mission de faire valoir la transformation du tissu urbain parisien avant, pendant et après les travaux haussmanniens de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Les photos illustrant les bâtiments haussmanniens très élancés (Les immeubles plats) et les piles et structures sous les ponts de Paris résultent d’un travail entrepris avec les autres photographes de la mairie de Paris. – Photos : Jean-Baptiste Gurliat/Ville de Paris
Lui et son équipe de photographes contemporains témoignent, quant à eux, de la modernisation de Paris et assistent à celle du Grand Paris du XXIe siècle. Leurs choix photographiques ne sont pas seulement architecturaux, puisqu’ils doivent de surcroît documenter les divers événements sociaux, culturels et politiques auxquels la Ville de Paris contribue. En plus de ce travail officiel, l’équipe a créé un collectif permettant aux photographes de s’exprimer au gré de leur créativité. Le lien vers le site du collectif des cinq photographes est disponible sur celui de la Ville de Paris. Une série de treize photos en marge de l’aspect professionnel est publiée tous les quinze jours, par exemple l’un sur le métro et autre sur les ponts ou encore les immeubles plats.
La série de photos « Modules » illustre des bâtiments de chantier dans Paris que Jean-Baptiste Gurliat photographie à titre individuel. – Photo : Jean-Baptiste Gurliat
Jean-Christophe Béchet ou la photographie d’un patrimoine meurtri
Jean-Christophe Béchet fut photographe en résidence à la Ville de Corbeil-Essonnes dans le cadre du Festival L’Oeil urbain pendant un an. Pour lui, photographier la petite ville de 30 000 habitants (située à 50 km au sud-est de Paris, en bordure de Seine) était une façon de signaler l’urgence d’un patrimoine en danger ou menacé de disparition. En effet, habitué aux clichés de grandes cités comme New York ou Berlin, il s’est cette fois penché avec attention sur une ville dont le patrimoine industriel est très riche.
Pour son travail en résidence dans le cadre du Festival L’Oeil urbain à Corbeil-Essonnes, Jean-Christophe Béchet s’exprime ainsi : « Mes photos sont la chronique d’une année d’observation. À Corbeil-Essonnes, j’ai travaillé à la fois comme photographe de rue et écrivain visuel, arpentant les trottoirs de six heures du matin au crépuscule. Loin des faits divers et des soubresauts de l’actualité, j’ai photographié dans ce temps long qui, seul, permet de saisir les petites traces fugaces du quotidien et d’en faire un récit sincère. » – Photos : Jean-Christophe Béchet
Corbeil-Essonnes, qui bénéficie de la présence de la Seine tout en étant près des grandes régions agricoles de la Beauce et de Brie et aux portes de la capitale, comptait de nombreux moulins depuis le XIIe siècle. Aujourd’hui, ne reste que les « Grands Moulins de Corbeil », une minoterie datant de 1893 et photographiée par Jean-Christophe Béchet.
Photos : Jean-Christophe Béchet
Par ailleurs, le photographe a aussi voulu démonter les préjugés qui collent à la peau de cette ville qui possède de nombreux HLM. Il a mis en lumière le patrimoine industriel et la population encore traditionnellement ouvrière qui arpente aujourd’hui ce territoire. Avec un éclairage nocturne soigné, il a mis en scène les bâtiments comme des expressions architecturales magnifiées, redonnant ainsi de la dignité à ce lieu mal-aimé. « Car la photographie ne montre jamais la réalité, ou la vérité, mais seulement une idée du réel. Et c’est déjà beaucoup », écrit le photographe.