À chaque gare son histoire Train arrivant à la gare de Gaspé, vers 1912. Le premier train de passagers arrive en gare le 5 septembre 1911. Gaspé est la destination finale du tronçon. – Source : Musée de la Gaspésie. Fonds Fabien Sinnett. P232/6

Vu la richesse du sujet, deux numéros successifs du Magazine Gaspésie composés d’articles et de récits se pencheront sur les gares, bâtiments aujourd’hui désertés ou disparus en attendant le possible retour du train en Gaspésie. Lieux de retrouvailles et de départs, les gares sont des espaces animés emplis de souvenirs, mais aussi des carrefours importants pour la poste et les marchandises, le tout sous le regard bienveillant des chefs de gare. FORMES propose une introduction à ce riche contenu photographique.

Par Marie-Josée Lemaire-Caplette

Détentrice d’une double formation en communications et en muséologie, Marie-Josée Lemaire-Caplette a chapeauté divers projets, dont plusieurs expositions et publications. Elle est désormais rédactrice en chef du Magazine Gaspésie, édité par le Musée de la Gaspésie, qui raconte la petite et grande histoire de la péninsule selon une diversité de thèmes. Elle nous présente l'histoire du chemin de fer gaspésien.

 

Il y a près de dix ans que le sifflement du train ne se fait plus entendre sur une grande portion du chemin de fer gaspésien. Dès le départ, le projet connaît son lot de difficultés et de controverses. À peine un tiers des rails sont posés en quinze ans, ce qui donne lieu à la Commission d’enquête royale présidée par le juge Jetté en 1892.

 

Gare de Bonaventure, entre 1925 et 1935. – Source : Musée de la Gaspésie. Collection Centre d’archives de la Gaspésie, P57/4/217/1

Cet épisode empreint de corruption, connu comme le Scandale du chemin de fer de la baie des Chaleurs, forcera la démission du député de Bonaventure et premier ministre du Québec, Honoré Mercier. La construction du chemin de fer se poursuit ensuite lentement, arrivant à Port-Daniel en 1907, puis enfin à Gaspé en 1911. Il aura fallu trente-cinq ans pour construire la voie ferrée reliant Matapédia à Gaspé.

 

Au 20e siècle, le train circule fréquemment en Gaspésie, transportant marchandises, courrier et bien sûr passagers. De Mont-Joli, il se rend soit à Matane, soit à Matapédia où il poursuit jusqu’à Gaspé. Tout au long de son trajet, le train fait de nombreux arrêts dans les villages. À son apogée, la péninsule compte près d’une trentaine de gares et deux trains de passagers par jour !

Groupe de passagers près du train, 1947. Au loin, nous apercevons la gare de Gaspé. – Source : Musée de la Gaspésie, Collection Centre d’archives de la Gaspésie, P57/00/41/1

Carte postale de la gare de Matapédia. Datant de 1903, la gare est un carrefour important où les trains transitent vers Campbellton ou Gaspé, transportant passagers et marchandises. Cette gare patrimoniale toujours en service est également un pôle artistique et communautaire. – Source : Collection Michel Goudreau

Chaque gare a son histoire et ses particularités. Celle de Routhierville, la plus ancienne encore debout, date du temps de l’Intercolonial en 1878, celle de Matapédia est toujours en fonction et permet le lien avec le Nouveau-Brunswick, alors que la gare patrimoniale de New Carlisle possède deux étages, une rareté.

 

Gare de New Carlisle, 2005. Érigé en bois, le bâtiment possède deux étages ; le deuxième abrite des bureaux. La gare est très achalandée et possède une cour de triage de huit voies. Elle est désignée patrimoine en 1994. – Source : Collection Dominique Léger

Ces lieux sont sous le regard bienveillant des chefs de gare qui veillent aux billets, aux bagages, etc., mais qui assurent également le service du télégraphe.

Pamphile Leclerc, opérateur CNR de la gare de Carleton, parlant au téléphone. M. Leclerc a été chef de la gare de Carleton pendant trente ans. – Photo : Charles-Eugène Bernard – Musée de la Gaspésie, Fonds Charles-Eugène Bernard et Estelle Allard, P67/b/5b/1/24

À chaque gare son histoire

Cette année, FORMES renouvelle sa collaboration avec le Magazine Gaspésie. Nous proposons dans ses pages un regard sur l’histoire du chemin de fer gaspésien. La publication gaspésienne, fort intéressante, approfondira le sujet dans deux numéros successifs sur le thème « À chaque gare son histoire ». Le numéro d’août-novembre 2022 suivra le parcours de Mont-Joli à New Carlisle, tandis que le numéro de décembre 2022-mars 2023 nous amènera de Paspébiac à Gaspé. Une occasion de se plonger dans l’histoire du rail d’une vaste région qui attend avec espoir le retour du train jusqu’au bout de la ligne à Gaspé. Ne ratez pas ces numéros. Pour information.

Gare de Carleton, années 1930. Le village de Carleton est desservi par le chemin de fer à compter de 1895. – Source : Musée de la Gaspésie, Collection de cartes postales, P169

Lieux de retrouvailles et de départs, les gares sont aussi des espaces animés emplis de souvenirs et des carrefours importants où transitent entre autres soldats, dignitaires et touristes. Les gares sont également un lien essentiel entre les villages, permettant même au docteur de se déplacer l’hiver quand les chemins ne sont pas ouverts.

Groupe de personnes dont le chef de gare à Matapédia, vers 1920. Située près des grandes rivières, la gare accueille entre autres les touristes américains du Salmon Restigouche Club venus pêcher. Beaucoup de saumons sur glace dans des caisses en bois sont acheminés vers les États-Unis. – Source : Collection Michel Goudreau

Aujourd’hui, ces lieux de mémoire sont menacés. Plusieurs gares sont démolies comme à Grande-Rivière ou à Douglastown, certaines sont déménagées comme à Cascapédia et à Sayabec, et de nombreuses autres attendent avec espoir le retour du train jusqu’au bout de la ligne à Gaspé.

La gare de Sayabec sur la ligne ferroviaire de l’Intercolonial, années 1950. Construite en 1912, la gare a été restaurée et est désormais un lieu de culture ouvert au public depuis 2013. – Photo : Gaétane Audy – La Gare patrimoniale, Maison de la Culture de Sayabec

Gare de Douglastown qui se trouve très près de la plage, années 1950. À cette époque, le chef de gare et sa famille demeurent au second étage. La gare a été démolie. – Source : Musée de la Gaspésie, Fonds Famille Agnesi de Douglastown, P306/3/3/1

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