
Quartier Bonanjo, entrée rue Joss - Source : Mambo
Par ailleurs, Douala doit composer avec son héritage colonial et postcolonial, qui a profondément marqué son organisation spatiale. Les quartiers historiques, comme Bonanjo, avec leurs larges avenues, leurs bâtiments administratifs et leurs espaces verts, contrastent fortement avec les zones périphériques, où l’urbanisation informelle et anarchique domine. Cette dualité spatiale reflète des inégalités socio-économiques profondes, qui se manifestent par un accès inégal aux services publics, à l’éducation et à l’emploi. Ces disparités historiques et structurelles posent un défi majeur pour la ville, qui doit trouver un équilibre entre la préservation du patrimoine et la réduction des inégalités.
Pour relever ces défis, une planification urbaine inclusive et des politiques publiques ciblées sont essentielles. Cela implique de moderniser les infrastructures dans les quartiers défavorisés, tout en valorisant les zones historiques, afin de créer une ville à la fois unifiée et respectueuse de son héritage. En parallèle, des initiatives telles que la promotion de logements sociaux, l’amélioration des services publics et la création d’emplois locaux sont indispensables pour réduire les écarts socio-économiques. Une gouvernance participative, associant les habitants à la prise de décision, renforcera également l’adhésion aux projets urbains et favorisera un sentiment d’appartenance collective.

Boulevard Leclerc - Photo : Studio 9-Assad Nsangou
La stratégie de Douala pour une ville durable et intelligente
Face à ces défis, Douala a engagé plusieurs initiatives pour s’adapter aux exigences de la ville de demain. L’un des axes majeurs de cette stratégie est la modernisation des infrastructures de transport. Le projet de Bus Rapid Transit (BRT) dont les travaux sont annoncés pour bientôt, viendra offrir une alternative propre et efficace aux transports traditionnels, tout en réduisant la congestion et la pollution. Selon des études de la Banque mondiale, la mise en place du système BRT améliorera la mobilité urbaine dans la capitale économique, où le réseau de bus représente moins de 1 % des transports, et entrainera ainsi des progrès majeurs dans l’accès aux services. Ainsi, 74 % de la population de Douala pourra emprunter ce transport en commun. Parallèlement, la construction de la voie sur berge sur le fleuve Wouri viendra également désengorger l’accès au centre-ville et améliorer la mobilité des habitants des arrondissements de Douala 3e et 5e, souvent confrontés à de lourds embouteillages.

Projet de Bus Rapid Transit (BRT), Source : Journal du Cameroun
Sur le plan environnemental, Douala commence à intégrer des solutions innovantes pour réduire son empreinte carbone comme la mise sur pied du programme « Green City » qui a déjà permis de planter plus de 3000 arbres dans la ville. Des projets pilotes d’énergie solaire, notamment l’installation de panneaux photovoltaïques dans certains quartiers, ont permis d’assurer un éclairage en électricité renouvelable. Par ailleurs, la ville s’est dotée d’un centre de transfert et des stations de traitement des déchets. Pour ce qui est du centre de transfert des déchets, la première infrastructure de cette série a été construite par l’entreprise Hygiène et Salubrité du Cameroun (HYSACAM) au quartier Youpwe et peut transférer 800 tonnes de déchets par jour et réduire de moitié (50 %) la collecte journalière des déchets estimés à 1800 tonnes. Quant à la station de traitement des boues de vidange de Ngombè, son opérationnalité est annoncée pour cette année 2025. Les programmes citoyens comme « Douala Clean City » et « Un commerçant, un balai, une poubelle » ont également permis de réduire de 30 % les déchets dans les marchés ciblés.

Centre de transfert des déchets et nouvelle station de traitement des boues de vidange. Source : Mambo
Douala, dans le cadre de sa politique d’habitat, mise sur une stratégie ambitieuse de mixité sociale et de renouvellement urbain, incarnée par le projet « Douala Ville Durable ». Ce projet s’appuie sur la Régie Autonome Foncière et Domaniale (RAFD), qui joue un rôle clé en acquérant des terrains destinés à la construction de logements sociaux, tout en les rendant accessibles aux investisseurs potentiels pour stimuler le développement urbain. Un exemple concret de cette dynamique est la construction d’une cité urbaine à loyers modérés, qui s’étendra sur environ neuf hectares dans le quartier de Mbanga-Bakoko, dans l’arrondissement de Douala 3e. Parallèlement, la création d’un parc oriental à Missole II, comprenant un parc aquatique, un parc terrestre et deux hôtels cinq étoiles, s’inscrit pleinement dans cette vision de développement. Ces initiatives traduisent la volonté du maire de la Ville de Douala de concilier expansion urbaine et durabilité, en déployant des infrastructures modernes adaptées aux besoins croissants en logement, loisirs et activité économique, tout en veillant à préserver l’environnement et à renforcer l’inclusion sociale.
La participation citoyenne : un levier essentiel pour la ville de demain
L’un des aspects les plus novateurs de la stratégie de Douala est l’accent mis sur la participation citoyenne. Consciente que les projets urbains ne peuvent réussir sans l’adhésion des populations, le maire de la Ville de Douala, Dr Roger Mbassa Ndinè a initié des consultations publiques et des ateliers de co-construction avec les populations, les chefs de communautés, les chefs de cantons, les chefs de villages, etc. Ces initiatives visent à associer les citoyens à la conception et à la mise en œuvre des projets urbains, afin qu’ils répondent mieux à leurs besoins et aspirations.

Les Women Douala Clean City en action sur le terrain - Source : Mambo
Cette approche participative permet également de renforcer la transparence et la confiance entre les autorités municipales et ces derniers. En impliquant les habitants dans les décisions, le maire de la Ville crée un dialogue constructif et favorise une meilleure compréhension des enjeux urbains. Cette collaboration active contribue à bâtir une gouvernance inclusive, où chaque voix compte et où les projets reflètent les réalités et les attentes des populations.
Enfin, cette démarche vise à créer un sentiment d’appartenance collective et à accélérer la transformation urbaine. Lorsque les habitants se sentent impliqués et écoutés, ils sont plus enclins à s’approprier les projets et à contribuer à leur succès. Douala mise ainsi sur l’engagement citoyen pour construire une ville plus résiliente, plus équitable et plus durable, où chacun participe à l’édification d’un avenir commun.
Les défis à relever : entre ambitions et réalités
Malgré les avancées significatives, Douala doit surmonter plusieurs obstacles pour réaliser sa vision d’une ville durable et intelligente. Le financement des projets urbains reste un défi majeur, nécessitant des investissements publics et privés massifs. Les ressources disponibles sont souvent insuffisantes pour répondre à l’ampleur des besoins, ce qui exige une mobilisation accrue des partenaires financiers et une meilleure optimisation des budgets. Par ailleurs, la coordination entre les différents acteurs (État, communes, secteur privé, société civile) doit être renforcée pour éviter les duplications, les retards et les inefficacités. Une gouvernance plus intégrée et collaborative est essentielle pour garantir la cohérence et la réussite des projets.
En outre, Douala doit composer avec des contraintes historiques et géographiques qui complexifient son développement. La ville est régulièrement confrontée à des risques naturels, notamment les inondations, qui affectent les populations et causent parfois des dégâts considérables. Pour y faire face, des solutions innovantes et coûteuses sont nécessaires, comme la construction de bassins de rétention, le curage en permanence des caniveaux, des drains et la mise en place de systèmes d’alerte précoce. Ces mesures, bien que cruciales, représentent un défi financier et technique considérable.

Rue de Douala après un orage – Source : Mambo
Enfin, la lutte contre les inégalités sociospatiales demeure un enjeu central. Les disparités entre quartiers riches et pauvres, ainsi que l’accès inégal aux services de base (eau, électricité, éducation, santé), exigent une volonté politique forte et des mesures concrètes. Promouvoir la mixité sociale, développer des logements abordables et améliorer l’accès aux services publics sont des priorités pour construire une ville plus équitable et inclusive.
Conclusion : Douala, laboratoire de la ville africaine de demain
Douala incarne à la fois les défis et les opportunités de l’urbanisation en Afrique. En s’engageant sur la voie de la durabilité, de l’intelligence urbaine et de la résilience, la ville démontre qu’il est possible de concilier croissance économique et qualité de vie pour ses habitants. Cependant, cette transformation ambitieuse ne pourra se réaliser sans une vision claire, des investissements soutenus et une implication active des citoyens. Douala dispose d’atouts majeurs pour devenir un modèle de ville africaine de demain : une position stratégique en tant que capitale économique, une population dynamique et une volonté politique affirmée.
Pourtant, son succès dépendra de sa capacité à relever les défis actuels – financement, coordination, gestion des risques naturels et réduction des inégalités – tout en anticipant ceux de l’avenir, comme les impacts du changement climatique et les mutations technologiques. En misant sur l’innovation, la collaboration et l’engagement citoyen, Douala peut tracer la voie vers une urbanisation plus inclusive, plus durable et plus prospère. La ville a le potentiel de devenir un véritable laboratoire urbain, inspirant d’autres métropoles africaines et montrant que, même face à des défis complexes, une transformation positive est possible.

Le maire de la Ville de Douala, Dr Roger Mbassa Ndine avec les commerçants du marché de Bonamoussadi dans le cadre de l'initiative un commerçant, un balai, une poubelle. - Source: Mambo
Le Dr Roger Mbassa Ndinè, maire de la Ville de Douala, y croit dur comme fer : avec la mobilisation de tous et l’engagement de chacun, la capitale économique du Cameroun se transformera en une métropole moderne, innovante et résolument tournée vers l’avenir. Son ambition est claire : faire de Douala un pôle d’excellence, un hub économique et technologique capable de rivaliser avec les grandes métropoles africaines et mondiales. Comme il aime à le rappeler : « Douala ne sera pas seulement la porte d’entrée du Cameroun, mais le phare de l’Afrique de demain : une ville où l’audace se transforme en progrès, et où chaque citoyen contribue à écrire l’histoire de notre grandeur collective. »