Entremise, fondé en 2016, regroupe de jeunes professionnels multidisciplinaires. Mêlant l’architecture durable, la conservation du patrimoine bâti et les valeurs de justice sociale, ils ont développé le concept de « connecter des personnes sans espaces à des espaces sans personne ». Dans cet esprit, ce groupe propose une réflexion sur la notion de l’occupation transitoire.
Selon Entremise, cette pratique à contre-courant répond à de multiples enjeux sociaux, économiques et environnementaux de notre société urbaine et régionale. Toutefois, malgré les bénéfices de l’occupation transitoire, le système immobilier actuel, l’interprétation du code du bâtiment et des règlements d’urbanisme freine le développement de ce type de projet. Ainsi, Entremise pense qu’un travail de sensibilisation pourrait favoriser et faciliter la mise en œuvre de cette solution réduisant rapidement la vacance immobilière et ses impacts négatifs.
Bâtiments patrimoniaux vacants et occupation transitoire – Opportunité pour faire la ville autrement
Par Philémon Gravel, directeur général adjoint et cofondateur chez Entremise
Souhaitons-nous préserver collectivement le patrimoine bâti du Québec ? La réponse à cette question devrait faire consensus. En effet, la sauvegarde, la protection et la mise en valeur de notre patrimoine architectural devraient être l’affaire de tous et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’édifices publics. Malheureusement, pour un nombre important de bâtiments, l’heure est grave. La bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal, classée monument historique en 1988, est le dernier exemple en date. Comme ce dernier, de trop nombreux immeubles patrimoniaux vacants attendent d’innombrables années le « projet parfait », en vain. L’annonce par le Gouvernement du Québec d’abandonner le projet de bibliothèque laboratoire technologique imaginé dès 2016, replonge cet édifice patrimonial dans les limbes d’une inoccupation qui dure déjà depuis plus de 15 ans. Or, la vacance d’un bâtiment est souvent synonyme d’une mort lente et silencieuse. Sans occupants quotidiens, le cycle de dégradation est engagé et trop souvent irrémédiable : infiltrations, bris, infestations, moisissures jusqu’à, plus tragiquement, l’incendie.