L’exemple UTILE
De ses premiers projets de logements étudiants, UTILE a identifié quelques facteurs qui empêchent de profiter des économies de la préfabrication, notamment l’absence de clients récurrents et le manque d’expérience de la construction modulaire. Pour son projet à Rimouski, une résidence étudiante de 155 unités, UTILE s’est donc appliqué à réunir les conditions gagnantes pour introduire la préfabrication avec succès. « De la cession du terrain par la municipalité à l’emménagement des étudiants, il se sera écoulé quinze mois. Les 96 modules ont été assemblés en quatre semaines », relate Maxime Pelletier, directeur adjoint aux affaires publiques chez UTILE. Selon lui, le promoteur qui est en contact avec les autres partenaires joue un rôle primordial dans cette réussite. « C’est nous, le donneur d’ouvrage, qui engageons les professionnels, l’entrepreneur général et le préfabricant. Donc, on peut mobiliser tous les acteurs autour du projet », poursuit-il. UTILE a identifié les Industries Bonneville comme manufacturier, reçu en entrevues des entrepreneurs généraux et des professionnels pour en arriver à former un consortium avec les Industries Bonneville, Construction Longer, Blouin Beauchamp Architectes et le Groupe GDI pour l’ingénierie. « La nouveauté de notre approche, relate Maxime Pelletier, c’est qu’on s’est engagés à ne pas faire juste un prototype. On a dit au préfabricant qu’on veut faire un projet de 150 à 200 logements modulaires cette année, un autre l’année prochaine et un autre dans deux ans. Le premier ne sera peut-être pas un succès retentissant, mais on va développer une expertise qui servira pour les autres projets. » La collaboration avec le manufacturier en amont du projet permet de maximiser la dimension des modules par rapport à la capacité de production de l’usine, et la réplicabilité permettra de réutiliser les mêmes modules et de standardiser les plans et devis pour les prochains projets.
UTILE a montré l’exemple à Rimouski et, avec le PL62, le gouvernement du Québec devrait aussi faire preuve d’exemplarité gouvernementale pour apporter collaboration et intégration à la préfabrication. Mais cette intégration devra aller plus loin pour inclure les acteurs du recyclage. « Le grand défi pour la prochaine décennie serait de terminer la boucle pour s’intéresser à la déconstruction, la réutilisation et la revalorisation et répondre au principe d’économie circulaire », avançait Gonzalo Lizarralde. Sans quoi l’industrialisation de la construction restera un projet inachevé.