En survolant les diverses options mises à la disposition des utilisateurs, il est notamment possible de suivre l’évolution de la situation sur différentes périodes. Avec le nouvel Indice d’intensité développé par la Fondation Rivières, l’ampleur relative des déversements peut également être observée. Cette intensité est un calcul de pondération qui tient compte de l’importance des ouvrages et du temps de déversement mesuré. Plus un ouvrage d’assainissement est important, plus le déversement le sera aussi. Ajoutez-y la durée et vous obtenez un ordre de grandeur de la quantité d’eau rejetée sans traitement dans les cours d’eau.
Le traitement des informations a représenté un réel défi technique pour les étudiants.es au programme en journalisme de l’UQÀM. « Les données brutes fournies par le MELCC entre 2011 et 2016 comprenaient près de 9,5 millions de lignes de données à traiter, sans compter les données de 2017 à 2019 ! La méthodologie de mesure a également changé. Par exemple, les temps de déversement, d’abord mesurés en heures, sont mesurés en minutes depuis 2017. La durée est également une information très parcellaire. Par exemple, on n’a aucune information sur la durée de plus de 10 % des déversements qui ont été signalés en 2019. Est-ce qu’on accepterait de ne pas connaître le montant de 10 % des contrats publics octroyés ? On doit être plus exigeants avec la qualité des données publiques sur un sujet aussi important que celui-ci. » - Jean-Hugues Roy, Journaliste et professeur à l’UQAM.
Pour l’initiatrice du projet, la Fondation Rivières, le temps était venu d’informer le public sur l’ampleur de la situation. « Depuis le flusgate à Montréal, l’enjeu de la qualité et d’accessibilité à l’eau interpelle beaucoup les Québécoises et les Québécois. Or, des déversements d’eaux usées, il y en a partout et à tous les jours ! La population doit savoir où se situent les quelque 60 000 déversements d’eaux usées non traitées par année et l’évolution dans chaque municipalité. La carte illustre le symptôme d’une maladie inquiétante et surtout, elle permet de dresser une liste des municipalités où il faut intervenir de toute urgence pour colmater les brèches. Les citoyens ont maintenant l’outil qu’il leur faut pour exiger que leurs municipalités et le MELCC s’attaquent au problème. La transparence. Voilà notre objectif » - André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
Rappelons que la Fondation Rivières a rendu public un portrait peu élogieux le 1er juin dernier dans lequel elle établissait que 7 municipalités sur 10 contaminaient toujours les rivières. Le 15 juin, en réaction à cet état de fait, 44 organisations souscrivaient à une lettre ouverte destinée au premier ministre du Québec, au ministre de l’Environnement et à la ministre des Affaires municipales réclamant un grand chantier de l’eau propre. La carte interactive s’inscrit dans cette même logique : établir les faits afin d’inciter les instances politiques à agir, maintenant.
La carte interactive peut être consultée sur le site fondationrivieres.org.