Écomatériaux en vrac Plateau d’échantillons de produits à base de fibre d’ortie : tige, fil, textile, bijoux avec verre filé et ortie – Musée du textile de Tilburg.

Chaque édition du Rendez-vous des écomatériaux est l’occasion de découvrir de nouveaux écomatériaux ou produits incorporant des écomatériaux.

Ils sont biosourcés, recyclés, composites. Certains sont à l’étape exploratoire, d’autres aboutis et déjà commercialisés. Surtout, leurs applications sont très variées, parfois inattendues.

Les biosourcés

César Segovia, directeur adjoint et responsable de recherche du Centre d’essais Textile Lorrain (CETELOR), n’a pas manqué de surprendre l’auditoire avec l’ortie ! Les entreprises textiles françaises utilisent essentiellement du coton qui est importé de seulement trois pays et le CETELOR cherche une solution locale en cas de problème d’approvisionnement. Or, la fibre d’ortie est plus longue que celle du coton ! Le CETELOR travaille sur la première transformation de l’ortie pour en extraire la fibre. Mais la filière de l’ortie devra aussi être concurrentielle avec celles du lin et du chanvre déjà bien établies en France. « Il faut faire la démonstration de la multivalorisation de l’ortie, valoriser la tige, la feuille, les racines et même la graine », soutient César Segovia. C’est pourquoi le CETELOR s’intéresse aussi à la partie centrale de la tige qui pourrait entrer dans la composition de panneaux de particules.

 

Une classe de matériaux biosourcés qui ne manquent pas d’intriguer est celle des mycomatériaux fabriqués à partir de champignons. Alexis Boisvert et Marc-Antoine Poulin, étudiants à l’Université de Sherbrooke, ont présenté le projet Myco. « On ne parle pas de fabriquer un mycomatériau, on parle de le faire croître », expliquent-ils. De fait, il s’agit de faire pousser du mycélium sur un substrat organique et dans sa croissance, le mycélium lie la matière pour former une pâte qui peut ensuite être moulée. La structure poreuse donne au matériau des propriétés acoustiques et thermiques intéressantes pour une application dans le bâtiment.

Côté bois, la nouveauté vient du bois traité thermiquement, présenté par Mathieu Pétrissans, professeur à l’Université de Lorraine. Ce bois chauffé à 200 °C dans une atmosphère pauvre en oxygène est résistant aux champignons, hydrophobe et stable dimensionnellement.

En haut : Vue microscopique d’une tige d’ortie. Photo : Cetelor – Les mycomatériaux, du champignon au composite novateur. Photo : Projet Myco (Université de Sherbrooke) – Bois traités thermiquement, Loft Green Apartments, Roumanie. – Photo : Université de Lorraine.
En bas : Fils technique haute performance composé de 50 % de chanvre. Source : Filspec – Piste de vélo fabriquée à partir de bouteilles de plastique recyclées. Source : X-Track – Planches composées de résidus de bois (60 %) et de plastique. Source : Ecoplast.

 

Les composites

Les matériaux composites ne sont pas nécessairement des écomatériaux, mais ils peuvent y tendre, voire y prétendre, s’ils contiennent des matières biosourcées ou recyclées. Partant de là, les possibilités sont des plus diversifiées.

Ainsi, Sébastien Couture, vice-président Innovation chez Filspec, a expliqué comment cette entreprise de Sherbrooke, est parvenue à incorporer 50 % de chanvre dans ses fils techniques anti-feu et anti-coupure.

Également à Sherbrooke, X-Track conçoit des pistes synthétiques de vélo constituées d’une couche de Kerdyn Core. Fabriqué à partir de bouteilles de plastique recyclées, ce produit est inséré entre deux trames de fibres de lin, comme l’a décrit Steve Lussier, cofondateur de l’entreprise.

À Farnham, Simon Chevalier et Benoit Pépin, les fondateurs d’Ecoplast, ont résolu de s’attaquer aux résidus de bois et de plastique pour produire du WPC (acronyme anglais pour Wooden Plastic Composite). Les résidus sont réduits en poudre puis transformés en granules à partir desquels sont fabriquées des planches qui contiennent 60 % de bois recyclé. Ces planches, résistantes à l’humidité et aux champignons et dimensionnellement stables, se prêtent bien à des usages extérieurs.

Du béton sans ciment

Le béton pèse lourd dans l’empreinte carbone des bâtiments et le coupable est le ciment. Or, Richard Lapointe, vice-président du développement commercial de CarbiCrete, a présenté un béton sans ciment !

Et autres

Nicolas Bellerose, conseiller en environnement chez RECYC-QUÉBEC, s’est entretenu de la genèse du court-métrage Les Matérialiste, une collaboration avec Architecture Sans-Frontières, Les Interstices et Dark Matter Labs. Cette production nous amène en 2050 afin de voir comment le Québec gère les matières résiduelles, ou plutôt les ressources, qui proviennent des bâtiments en fin de vie.

Un panel à trois s’est penché sur les enjeux de l’approvisionnement local et international. Maxime Bastien, analyste de recherche en productions végétales au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation (MAPAQ) a articulé sa présentation sur le thème « Alimenter notre monde tout en participant à la transition vers une économie verte : une quête d’équilibre ». Jessica Carette, directrice de projets R et D chez Cascades, s’est entretenu des critères de succès pour l’utilisation des fibres alternatives, tels les résidus agricoles ou les cultures dédiées. Tandis que Pascal Triboulot de l’École Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois (ENSTIB), et vice-président de FIBOIS Grand Est (France), a amené la discussion sur l’enjeu de l’adéquation entre production forestière et besoin en bois dans un contexte climatique incertain.


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