Le tactile en plein cœur de cible – L’exposition L’art et la matière, prière de toucher Musée des Beaux-Arts de Rouen

Le Musée des Beaux-Arts de Rouen tient une exposition itinérante unique en son genre. Des répliques à découvrir par le toucher. C’est une approche de la sculpture identique à celle que font les personnes non-voyantes. Cette politique de l’accessibilité dans les musées nationaux est une première en France.

En Normandie, le Musée des Beaux-Arts de Rouen tient une exposition itinérante unique en son genre. Elle arrive de Lyon avant d’avoir été « vue » à Montpellier et elle repartira à Lille, puis Nantes et enfin Bordeaux. Les malles de l’exposition, L’art et la matière, prière de toucher, contiennent des répliques de sculptures provenant des collections de ces musées nationaux. Ces répliques peuvent être découvertes par le toucher. L’exploration tactile de la sculpture s’effectue les yeux bandés pour les personnes voyantes. C’est une approche de la sculpture identique à celle que font les personnes non-voyantes. En les touchant, les sculptures se révèlent dans leur moindre détail. Cette politique de l’accessibilité dans les musées nationaux est une première en France, mais elle se répandra de plus en plus. La loi sur l’accessibilité de 2005 a fait son chemin.

Jusqu’au 18 septembre, dix reproductions d’œuvres sont exposées au Musée des Beaux-Arts de Rouen. Huit font partie des périodes des XVIIIe et XIXe siècle ; une seule fait référence à l’Antiquité et une contemporaine de 1957. En voici quelques-unes pour illustrer le propos.

La sculpture illustre une jeune femme qui se recroqueville, frissonnante. Elle est une allégorie de la saison hivernale. Une œuvre de Jean-Antoine Houdon (1741-1828), un des plus importants statuaires du XVIIIe siècle.

La frileuse (1783), marbre 145 X 57 X 64 cm, Musée Fabre, Montpellier.
 

L’écrivain Voltaire qui a vécu au temps de Louis XIV fut de nombreuses fois représenté comme un sage portant la toge à l’ample drapé.

Voltaire assis (circa 1780-1790), Terre cuite patinée 121 x 62 x 95 cm, Musée Fabre, Montpellier.
 

Koré signifie jeune fille en grec. Ces statues étaient destinées à Athéna sur l’Acropole à Athènes. La jeune fille a une carrure puissante et une chevelure ondoyante. C’est un témoin de la sculpture grecque du VIe siècle.

Koré (circa 540 av. J.-C.), marbre pentélique 63 x 34 x 23,5 cm, Musée des Beaux-Arts de Lyon.
 

La sculpteure Marta Pan (1923-2008) a réussi à montrer l’alliance entre mouvement et équilibre, pureté et sensualité. Le grand chorégraphe Maurice Béjart s’en inspira pour créer sa danse Équilibre en 1958.

Balance en deux (1957), sculpture mobile en deux pièces, bois de noyer, 20,5 x 53 x 43 cm, Musée d’arts de Nantes.
 

Cette statuette est une des rares œuvres en ronde-bosse en ivoire de la fin du Moyen Âge. L’ivoire est alors aussi précieux que l’or. Le visage ovale, le front bombé et les yeux en amande de la vierge sont caractéristiques de l’époque. Ces statuettes pouvaient être touchées pendant la prière, « la caresse de la dévotion », disait-on.

Vierge et enfant (circa fin XVe/début XVe siècle, ivoire d’éléphant, 41 x 13 x 12 cm, Musée des Beaux-Arts de Rouen.
 

Une implication territoriale grace au GIHP

Le Groupement pour l’insertion des handicapées physiques (GIHP) a été amplement impliqué pour la tenue de cette exposition. Il regroupe plusieurs types de handicaps (moteur, visuel, auditif et mental). L’organisation apporte ainsi un savoir-faire sur plusieurs plans pour le Musée des Beaux-Arts de Rouen, mais aussi pour l’ensemble des musées du territoire. Dans le cas de l’exposition itinérante L’art et la matière Prière de toucher, le GIHP canalise le cœur de cible du public sur le territoire normand et sa participation va dans le sens profond de l’inclusion des personnes handicapées avec les autres publics.

 


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