Patrimoine religieux – Un territoire à définir Louis Lapointe

Notre journaliste Louis Lapointe, en collaboration avec Yves Prescott, établit un pont fort intéressant entre territoire, préservation et mise en valeur du patrimoine religieux.

 

Notre patrimoine religieux

L’aspect unique d’un territoire à définir

FORMES publiait à l’automne 2021 (vol. 17, no 1) un article de Serge Filion. L’urbaniste et géographe mentionnait que la préservation et la mise en valeur du patrimoine bâti et naturel posent de nombreux et complexes défis territoriaux aux municipalités du Québec. « On a tout intérêt à conserver et protéger un patrimoine qui se démarque par son aspect unique du territoire et qui s’est défini sur quatre cents années, grâce à la contribution des Premières Nations, des premiers colons de la Nouvelle-France et des anglophones (tout spécialement au moment de l’arrivée des loyalistes après l’indépendance des États-Unis) à créer cet ensemble de caractéristiques inimitables. Sa sauvegarde est pourtant garante de notre relation historique au territoire, en plus d’agir comme un puissant levier d’adaptation à la crise climatique en cours. » On y faisait le constat que, si la tendance se maintient, on risque de perdre 50 % de notre patrimoine par manque de ressources financières.

Pour sa part, Dinu Bumbaru, directeur des politiques chez Héritage Montréal, affirme : « En 2022, les connaissances par la voie des inventaires, tout comme la réglementation, la formation des professionnels et, surtout, la sensibilité de la société québécoise, ont beaucoup avancé. Les grands défis actuels sont ceux du maintien et du bon usage du patrimoine architectural et, plus largement, immobilier. Par exemple, dans le cas du patrimoine religieux – si marquant pour le paysage culturel du Québec et de ses villes, villages et quartiers –, la société cherche davantage à lui trouver de nouvelles fonctions dans la vie collective que de le démolir comme elle l’a beaucoup fait par le passé. »

Un peu d’histoire

Dans la vallée du Saint-Laurent, le village, né de l’implantation du cadastre seigneurial sous le régime français, se développait habituellement autour de l’église, édifice public prédominant. Ces lieux de culte servaient d’écrin à des trésors artistiques et c’est grâce à leurs archives, parfois incomplètes, il faut l’avouer, que nous pouvons mieux comprendre l’évolution de l’architecture et des arts décoratifs de la Nouvelle-France à nos jours.

Comme beaucoup d’immigrants au début de la colonie étaient des descendants de marins et de charpentiers, cela favorisait une expertise du travail du bois. C’est donc dire que des artisans et architectes plus ou moins autodidactes ont été maîtres d’œuvre de projets audacieux, mais dont les perpétuelles réparations et problèmes structurels témoignaient d’un métier non encore maîtrisé. Par la suite, des Canadiens français formés en Europe, de même que la venue chez nous de professionnels – qu’ils soient italiens, français, anglais ou allemands, permettront de manière progressive de créer des édifices de meilleure qualité, mieux adaptés à notre climat.

Ainsi, le plan Maillou, nommé en l’honneur d’un maître maçon, ou sa variation connue sous le nom de plan à la récollette se caractérisent par une nef simple. Ils furent remplacés par le modèle en croix latine (plan jésuite), structurellement plus solide et permettant une expansion de l’édifice en question.

L’architecture de l’église de St. Martin-in-the-Fields à Londres eut une certaine influence sur les lieux de culte du Québec. La raison en est qu’elle fit l’objet de beaucoup d’illustrations dans les manuels architecturaux disponibles à l’époque. À titre d’exemple, l’église Holy Trinity de Québec, première cathédrale anglicane bâtie à l’extérieur des îles Britanniques en 1806, s’est inspirée de ce plan, bien qu’on ait dû adapter la pente de son toit en fonction des hivers canadiens.

Mentionnons aussi l’influence du manuel intitulé The Model Architect de l’Américain Samuel Sloan qui inspira plusieurs fabriques à opter pour un choix dont les preuves avaient déjà été faites. Cela dit, un esprit pragmatique existait dans certaines paroisses québécoises et, à titre d’exemple, l’église de Saint-Roch-de-Richelieu fut construite à partir d’un demi-million de briques fabriquées dans la région, évitant ainsi les coûts associés au transport de la pierre provenant de carrières éloignées. Il faut, de plus, résister à la tentation d’interpréter cette œuvre de Victor Bourgeau comme étant nécessairement influencée par les loyalistes arrivés dans la région à la même époque.

Avant la conquête de 1760, il existait un style plus spécifique à la Nouvelle-France qui se manifestait davantage par l’utilisation de la feuille d’or, du travail du bois, ainsi que par des copies de tableaux de grands maîtres européens, voire ceux d’artistes de passage ici.

Exemple du travail du bois et de la feuille d’or. – Photo : Louis Lapointe

 

Par la suite, plusieurs facteurs ont contribué à la dissémination d’œuvres d’art sur notre territoire. On remarquera néanmoins, dans ces intérieurs éclectiques, les empreintes d’une dévotion populaire, comme c’est le cas dans les sculptures de Médard Bourgault, de Léo Arbour et de Louis Jobin qui a longtemps milité en faveur de la création de pièces uniques en réaction aux pièces moulées en série.

Exemple de dévotion populaire, sculpture de Louis Jobin, église Saint-Charles-Borromée de Charlesbourg. – Photo : Louis Lapointe

 

En effet, les moulages de plâtre et de stuc, moins coûteux, permettaient aux artistes de la statuaire religieuse, comme ceux de la Maison Carli et Petrucci de Montréal, de s’engager dans une production de masse soutenue par la publication de catalogues de vente. La présence d’artistes italiens peut s’expliquer par l’attachement du Québec à Rome et au Vatican.

Vers une révolution industrielle

À partir d’une certaine époque, le besoin de constructions nouvelles, sous la poussée de l’industrialisation, favorise Montréal, ce qui amène la prolifération de lieux de culte sur l’ensemble de son territoire, poussée qui prendra fin vers 1922.

Dès le dix-neuvième siècle, le travail du bois avait déjà cédé sa place à la pierre et au béton et on fit appel à des d’architectes professionnels tels que Joseph Venne, Dalbé Viau et, plus tard, Ernest Cormier. D’autres matériaux plus durables seront alors employés, tel que le marbre et le bronze, et les églises prendront de l’expansion grâce à de nouvelles techniques de construction. On remarque cette tendance avec des édifices de style néogothique, tels que l’église Notre-Dame de Montréal qui, par son ampleur, servit de modèle d’un océan à l’autre. Toutefois, ce style jugé trop près du registre anglo-saxon amènera certains curés francophones à privilégier le style beaux-arts.

Une anecdote intéressante illustre l’évolution parcourue. Durant l’entre-deux-guerres, le notaire Gérard Morisset, architecte à ses heures et considéré comme le père de l’histoire de l’art au Québec, trace les plans de l’église Notre-Dame-de-Grâce, autrefois située sur la rue Mazenod à Québec et démolie en 2009. N’étant pas membre en règle de l’Association des architectes de la province de Québec, cette initiative cause tout un émoi à l’époque.

Le vingtième siècle marque un tournant intéressant dans notre histoire, puisque notre savoir-faire commence à briller à l’étranger. Le Québec s’est ainsi distingué lors de concours d’architecture tenus à Rome en 1950. Les récipiendaires étaient les églises 

Saint-Dominique de Québec et Saint-Charles du quartier Limoilou. De plus, les célèbres orgues Casavant sont le résultat d’une expertise qui rayonnera à travers le monde, du Japon à l’Australie, en passant par le Mexique. Contrairement aux luthiers européens, les frères Casavant, qui étaient familiers avec notre climat, avaient mis au point des instruments de musique qui ne se détraquaient pas au moindre saut de température.

En ce qui a trait aux décorations d’églises, l’expertise se véhiculait souvent par un partenariat de type maître à élève qui remplaçait des dynasties familiales bien implantées et dont les plus célèbres sont Napoléon Bourassa, Guido Nincheri et Ozias Leduc. Les fresques de Leduc réalisées pour l’église Notre-Dame-de-la-Présentation à Shawinigan-Sud illustrent bien l’emploi de thématiques historiques qui reflètent l’industrialisation en Mauricie. Il fut assisté dans cette œuvre ultime par son frère Honorius et Gabrielle Messier.

Fresque de Notre-Dame-de-la-Présentation de Shawinigan-Sud réalisée par Ozias Leduc. – Photos : Flikcr / Claude Gill

 

Un patrimoine qui inspire un futur différent

Selon Dinu Bumbaru, les obstacles à la découverte des lieux de culte sont les suivants : leur accessibilité, uniquement possible grâce à un véhicule privé ; ils sont souvent fermés, faute de personnel, en plus d’occuper une place marginale dans la représentation promotionnelle du Québec, image encore dominée par les grands espaces.

Notre héritage religieux constitue pourtant un potentiel touristique intéressant qui n’a pas encore été pleinement développé, et il reste encore beaucoup à faire pour valoriser ces véritables archives matérielles du Québec. Outre la négligence, les actes de vandalisme et les excès connus durant les années 1960 avec Vatican II, plusieurs facteurs ont aussi contribué à l’appauvrissement de cet héritage. « Puisque la pratique religieuse a presque disparu, précise Serge Filion, seulement environ 5 % du financement des lieux de culte provient des fidèles. On perd entre 50 à 60 édifices patrimoniaux et religieux chaque année. »

Intérieur de l’église Saint-Romuald de Farnham. – Photo : Louis Lapointe

 

Selon l’architecte Keven Blondin, de la firme Nadeau Blondin Lortie Architectes, « les gens vieillissent, les marguilliers quittent leur fonction et on se retrouve sans relève. La réalité et la complexité de l’ensemble des programmes d’aide gouvernementale deviennent souvent un casse-tête et un travail de longue haleine qui reste lourd pour les bénévoles. Le gouvernement possède une enveloppe annuelle d’environ 20 millions de dollars, mais il doit faire face à des demandes qui frôlent davantage les 50 millions.

En tant qu’organisme à but non lucratif, le Conseil du patrimoine religieux du Québec tente de répondre aux demandes dans la province en général, mais un bâtiment qui peut être significatif pour une communauté ne rencontre pas nécessairement la cote offrant les avantages historiques ou architectoniques d’autres bâtiments. » Par exemple, on retiendra le cas de l’église Saint-Romuald de Farnham, récemment achetée par la municipalité qui la considère comme un symbole identitaire. Compte tenu du fait que cette ville ne constitue pas un pôle touristique majeur, l’édifice est appelé à servir à des besoins propres à la population locale (au moment de mettre sous presse, un projet de centre sociocommunautaire est à l’étude). 

Règle générale, deux grands types de désignations existent à l’heure actuelle. La première, de nature strictement religieuse, se manifeste par une croix de consécration qui indique que le lieu doit uniquement servir au culte, alors que l’autre type, de désignation gouvernementale, vise à protéger certains édifices sur la base de leur valeur patrimoniale.

Exemple de croix de consécration. – Photo : Louis Lapointe

 

Études de cas

Si certains lieux de culte ne peuvent jamais servir à d’autres fins, la plupart d’entre eux trouveront une fonction radicalement différente ou occuperont même de multiples fonctions. On pense à des transformations totales ou partielles en musée, en lieu d’hébergement ou en salle de spectacle, surtout que plusieurs églises patrimoniales offrent une acoustique exceptionnelle que les musiciens et les mélomanes apprécient particulièrement.

Vue intérieure de la bibliothèque Claire-Martin, rue Saint-Jean à Québec. – Photo : Louis Lapointe

 

L’ancienne église anglicane St. Matthew, située sur la rue Saint-Jean à Québec, est désormais connue sous l’appellation de bibliothèque Claire-Martin. En s’harmonisant avec les acquis patrimoniaux de l’édifice, Pierre Bouvier, architecte alors actif au sein d’Atlante Architecture + Design, avait souhaité préserver la symétrie des lieux en aménageant une aire d’approche qui porte le regard vers l’ampleur de la nef.

Vue intérieure du Musée des métiers d’art du Québec. – Photo : XYZ Technologie Culturelle inc.

 

Le Musée des métiers d’art du Québec (MUMAQ) a pour mission de célébrer le patrimoine lié à l’artisanat et aux métiers d’art ancien et contemporain. Il loge actuellement dans l’ancienne église presbytérienne St. Paul, autrefois située à l’emplacement de l’hôtel Reine-Élizabeth à Montréal. L’édifice fut acheté en 1930 pour la somme symbolique de 1 $. L’entente spécifiait qu’il soit démantelé dans un délai de soixante jours pour être reconstruit sur le terrain du collège de Saint-Laurent.

Le MUMAQ a mandaté la firme XYZ pour l’intégration de l’éclairage à l’intérieur de l’édifice. Marc Bureau, représentant en projets spéciaux, a agi comme directeur technique. « Puisqu’un édifice patrimonial impose le respect intégral de sa structure, précise-t-il, nous avons dû faire en sorte que l’éclairage s’adapte à l’architecture en multipliant les diverses sources de lumière. Il y a eu beaucoup de tentatives afin de trouver les bons luminaires et les bonnes lentilles qui correspondaient au budget du projet. Ce vaste espace crée des distances qui ont aussi posé un obstacle. Afin d’éclairer l’arche principale, nous avons utilisé des techniques qui s’apparentent à l’éclairage de scène ou à la projection architecturale (video mapping). Trois projecteurs installés à l’arrière et dotés d’une portée de 100 pieds dirigent la lumière par un jeu de lentilles et, grâce à des masques physiques installés sur ces derniers, on est parvenu à découper uniquement l’arche centrale, ainsi que d’autres détails architecturaux. »

L’ancienne église Saint-Charles qu’occupe la troupe Machine de Cirque et vue intérieure de l’École de cirque de Québec. – Sources : Machine de Cirque et École de cirque de Québec

 

Située au cœur du quartier Vieux-Limoilou, l’église de Saint-Esprit est occupée par l’École de cirque de Québec. Son directeur Tim Roberts mentionne qu’une telle école nécessite un espace dont les volumes permettent d’aménager des structures nécessaires aux exercices en hauteur, tout comme au sol. Cependant, il ajoute : « Nos enjeux liés à l’utilisation de l’édifice sont principalement le chauffage et l’acoustique qui permettait jadis à l’officiant de porter la voix à toute l’assemblée. Quand les cours sont en pleine activité, ou qu’un spectacle est en répétition, le quotidien demeure très difficile pour les autres employés. »

Si l’extérieur a subi quelques ajouts mineurs, l’intérieur a été entièrement réaménagé, mais on a conservé les bas-reliefs qui ornent les colonnes et les boiseries des murs latéraux. « Nous avons récemment acheté le presbytère et un projet d’intégration est à l’étude, indique M. Roberts, afin d’y aménager les espaces administratifs, les salles de cours et les services informatiques, mais nous en sommes encore à l’étape de l’avant-projet. »

La troupe Machine de cirque occupe l’ancienne église Saint-Charles (prix de Rome en 1950). Même s’il n’y a aucun lien entre les deux entreprises situées dans le même quartier, de bonnes relations existent néanmoins. L’église de Sainte-Élisabeth-de-Hongrie et son presbytère occupent une place centrale dans le village de Warwick. À la suite de l’acquisition des lieux par Jean Morin, le presbytère a subi plusieurs rénovations pour être transformé en fromagerie, alors que l’église fait office de salle d’affinage. Le conseil de fabrique et le diocèse ont tout de suite accepté l’idée, car elle permettait non seulement de sauver les bâtiments, mais aussi de les préserver grâce à leurs nouvelles fonctions.

Avec le projet de la Fromagerie du Presbytère, il fallait répondre à la fois aux normes de la Régie du bâtiment du Québec, du Service des incendies et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Jean Morin évoque le fait qu’il fallait aménager un espace dans l’espace, le tout devant être parfaitement isolé pour maintenir l’humidité et la température stables, et ce, sans rien abîmer de la structure extérieure. On a fait appel à un ingénieur, afin de s’assurer que le tout soit fait dans les normes et que le nouveau plancher puisse supporter le poids des fromages. Une chapelle fut aussi créée en combinant le chœur et la sacristie qui, après avoir été désacralisée, fut resacralisée, pouvant éventuellement servir au culte. 

Convertis en fromagerie, l’église de Sainte-Élisabeth-de-Hongrie et son presbytère occupent une place centrale dans le village de Warwick. – Photos : André Bourassa et Buzz photographie

 

« C’est, pour moi, conclut Jean Morin, un rapport de respect du bâtiment, du territoire, de la culture et de son identité, car une église, c’est souvent le point de repère d’une municipalité ou d’un village et je me dis toujours que cette église, ça fait une belle cloche à fromage ! » L’église a été construite en 1885 par l’architecte et entrepreneur Louis Caron. La conversion inédite et originale de ce lieu de culte ainsi que du presbytère a été conçue par l’architecte André Bourassa.

Un bon exemple d’initiative qui assure la continuité du mandat d’origine d’un édifice religieux a été réalisé par la firme Nadeau Blondin Lortie Architectes. Construite en

1884, la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil se démarque surtout par son asymétrie et ses nombreux volumes. Le mandat consistait, dans un premier temps, à produire un carnet de santé, ce qui a soulevé des problèmes en ce qui a trait à l’étendue des travaux.

Réfection de la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil. – Photo : Maxime Brouillet, photographe architectural

 

« On veut qu’un bâtiment soit performant sur le plan énergétique, mentionne l’architecte Keven Blondin, sans déstabiliser l’équilibre de ce dernier qui a déjà bien performé au fil des ans. C’est plus difficile lorsque celui-ci est protégé. Il y a alors davantage de contraintes à respecter. » M. Blondin confirme en quelque sorte un retour aux sources lorsqu’il affirme : « On revient ici aux traditions en embauchant un ébéniste, un plâtrier, ou un maître de la dorure. Ces artisans sont des “denrées” rares et l’approvisionnement est parfois difficile et coûteux. Par exemple, la feuille d’or provient de New York, alors que l’ardoise utilisée sur les toitures peut provenir d’une carrière située au Vermont.

Si les églises catholiques servaient jadis de point d’ancrage, le cas des églises protestantes et des synagogues reste bien différent. Clarence Epstein, expert en patrimoine culturel, affirme que la majorité des lieux de culte protestant implantés chez nous s’inscrivent sous la bannière des traditions dites non conformistes pour qui le message, et non les édifices en tant que tels, demeure le véhicule privilégié de la tradition. « Ces églises n’ont pas hésité à se relocaliser, poursuit-il, suivant ainsi les courants migratoires vers les banlieues. On constate un phénomène assez analogue dans le cas des communautés juives qui, elles aussi, eurent comme priorité l’accessibilité des lieux et non l’attachement à un édifice en particulier. »

L’apport des communautés culturelles

« Dans le cas spécifique de Montréal, déclare M. Epstein, la métropole reste typique des grandes villes d’Occident, tout comme c’est le cas de Paris qui se distingue du reste de la France, et Londres du reste de l’Angleterre, en raison de leur polyvalence. »

Dans le cas de Montréal, Dinu Bumbaru précise que les communautés culturelles ont contribué d’abord à la construction de ce patrimoine de lieux de culte. On pense aux églises, temples et synagogues bâtis aux dix-neuvième et au vingtième siècles par les communautés irlandaise, écossaise, juive, chinoise, italienne, grecque, allemande, polonaise, roumaine, portugaise, hongroise, et on songe aussi aux lieux de culte bâtis par des communautés arrivées après la guerre, par exemple d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud avec des traditions religieuses associées à l’islam ou aux religions orientales.

L’église Saints-Martyrs-Coréens, anciennement Sainte-Cunégonde. Son intérieur a été rénové en 1984 sous la direction de l’architecte Claude Beaulieu. – Photos : Wikipédia / Thomas1313 et Louis Lapointe

 

Par ailleurs, elles ont souvent pris le relais des communautés plus traditionnelles dans l’occupation des lieux de culte. Dans certains cas, cela s’est fait dans le cadre de certaines politiques du diocèse catholique qui préconisait d’offrir un lieu de culte désaffecté d’abord à d’autres communautés catholiques, puis chrétiennes. Il en est de même pour l’église Saints-Martyrs-Coréens, anciennement Sainte-Cunégonde, qui sert désormais à la communauté catholique coréenne.

Conclusion

On remarque enfin tout le chemin parcouru depuis l’époque où la démolition des lieux de culte se faisait dans la plus grande indifférence. Et si autrefois la beauté était au service de la foi, elle est aujourd’hui témoin de notre histoire.

Le mot de la fin revient à Serge Filion. « En stoppant l’éparpillement et en concentrant la croissance des villes et villages à l’intérieur des périmètres autorisés actuellement, nous économiserions des sommes colossales en investissement et en entretien des infrastructures urbaines, lesquelles épargnes pourraient financer la protection et la mise en valeur des patrimoines culturels déjà accumulés. »


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