L’impact de l’architecture carcérale sur le personnel des prisons iStock by Getty Images©

Un intéressant nouvel ouvrage atypique s’intéresse à l’architecture carcérale. En ouverture, le résumé du livre positionne clairement le propos. Ce qui à l’origine n’était qu’un article de fond avec ses 436 références bibliographiques est finalement devenu un livre.

RÉSUMÉ

Effet boomerang sur la prise en charge de milliers d’hommes et de femmes condamnés à une peine d’incarcération, l’architecture carcérale n’épargne personne, ni l’état physique ni la santé psychologique de ceux qui en ont la responsabilité. Après quelques mois au contact de cette réalité comparable à nulle autre, l’employé ne portera même plus attention à la couleur des murs, aux hommes armés, aux barbelés, aux dizaines de portes qui lui faudra franchir à longueur de journée comme si tout cela était devenu banal, et encore moins aux risques inhérents à l’enfermement lorsqu’il s’agit de contrôler des masses de détenus dans un espace que la force de dissuasion arrive plus ou moins à contenir. Mais à quel prix ? Dépression, stress, congés maladie, relations familiales dysfonctionnelles, violence, alcoolisme, toxicomanie, absentéisme, repli sur soi, cynisme, sous-culture, corruption. Suicide. Images glauques de la profession relayée par l’industrie cinématographique pour qui le pire des criminels se voit broyer sous les roues d’une machine infernale, celle du temps perdu.

À l’heure où l’on parle tant de prouesses futuristes en architecture, où de nombreuses études démontrent sans démenti que la configuration spatiale des lieux, le contact avec la nature et la lumière naturelle de certains hôpitaux permettent une guérison beaucoup plus rapide et au personnel en place d’œuvrer dans un climat de travail plus sain, l’univers carcéral semble voué à la stagnation. Rien ne ressemblant plus à une prison qu’une autre prison. Ce qui est le cas du Canada qui, bien que sans comparaison possible avec son voisin américain, reste fort éloigné du peloton de tête occupé par les pays nordiques. Comment alors inventer une prison qui ne ferait pas trop prison au-delà d’un cahier des charges dans lequel l’architecte ne se retrouverait pas à son tour pieds et poings liés à régurgiter des redondances panoptiques entre le visible et trop souvent l’inavouable ? Aujourd’hui comme hier, réduit à mettre en application des protocoles très stricts où seule prime la sécurité des lieux, il est à espérer que les architectes, premiers acteurs matérialisant l’application de la peine, sauront à l’avenir prendre la place qui leur revient.

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