Parmi les autres sujets de réflexion et de discussions au programme, le sommet « Désapprendre d’Athènes » traitait des crises successives auxquelles la métropole grecque a récemment été confrontée : nombreux blocages administratifs et financiers, afflux de migrants, 300 000 logements vacants pour cause d’insalubrité et de créances non payées, désactivation de la production et pauvreté au centre-ville et près de l’Acropole.
Isabelle Leclercq et Franck Hulliard, créateurs de l’association Biennale Architecture Lyon, respectivement présidente et vice-président.
Photos : Manon Sarthou
Le projet des barres d’habitations La Villeneuve, construites à Grenoble dans les années 1970, fut également attentivement scruté grâce au plateau de radio-vidéo permettant d’entendre à la radio et de voir les intervenants sur place discuter du sujet « Autour de La Villeneuve et des utopies ». Des échanges ont eu lieu à propos des immenses problèmes sociaux résultant de ces constructions HLM et auxquels Grenoble est confrontée aujourd’hui. La ville ne les avait pas prévus à l’époque de l’édification des immeubles, l’idée d’une nouvelle ère architecturale occupant alors principalement les esprits.
Architecture expérimentale et écoquartier
Du côté de l’architecture expérimentale, la réflexion sur l’utilité des établissements recevant du public (ERP) était proposée autour d’une tour de fer peinte en blanc sise à côté de La Sucrière. Ce projet mettait en valeur l’architecture « atmosphérique » par des toboggans bondés de fleurs ancrés à la tour et des plantes odorantes suspendues dans sa cage d’escalier.
Le procès de la ville écologique comme utopie a également eu lieu avec la remise en question du terme « écoquartier », qui est galvaudé. Ce terme est maintenant appliqué indifféremment du nombre d’hectares occupés par l’écoquartier, des styles d’architecture de constructions adaptés à la végétalisation et aux panneaux photovoltaïques et des mesures urbanistiques liées à l’accessibilité et au réchauffement climatique. Paradoxalement, le nouveau quartier lyonnais Confluences, où se trouve La Sucrière, comprend l’immense écoquartier du même nom, toujours en chantier. Celui-ci est composé de nombreux îlots dont l’aménagement est presque achevé. L’agence d’architecture et d’urbanisme Herzog et de Meuron, connue notamment pour l’agrandissement de la Tate Modern à Londres, y a créé une tour d’habitation de 16 étages. Ses appartements offrent une localisation privilégiée avec vue sur la rivière la Saône et sur les flancs verdoyants de la colline surplombée par les quartiers patrimoniaux de Lyon (classés par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité). La densité de l’écoquartier a été étudiée de manière à créer des placettes au cœur des îlots flanqués de tours. Au pied des tours, des garderies à bas étages, des jardinets et des passages piétons ont été aménagés, créant des liens entre la cour intérieure et la rue. Ici, processus et pratiques vont de pair.
Fin de la Biennale
À la différence de celle de Venise, la Biennale Architecture Lyon n’a pas nommé de jury désignant des lauréats parmi les participants afin de ne pas fermer le processus de réflexion, car de l’avis de Franck Hulliard, les réflexions sont plurielles. Tous les fonds recueillis lors de l’événement serviront à la création d’un réseau d’assainissement à Kinshasa, piloté par l’ONG Architectes sans frontières.