La tyrannie de la commodité ! REUTERS/Vivek Prakash

À l’époque des limites planétaires et de l’anthropocène, qui marque l’entrée de l’humanité dans une nouvelle ère d’impacts irréversibles à l’échelle planétaire et de débats inédits sur la justice environnementale, la mise en œuvre d’un développement plus soutenable nécessite une transformation en profondeur de nos manières de penser, de concevoir et d’aménager nos milieux de vie. L’architecte Jean-Paul Boudreau, en collaboration Valérie Levée, journaliste en science et architecture, présente une série de trois textes, une trilogie qui jette une lumière crue à la fois sur la situation actuelle de l’architecture et sur ce qu’il appelle la « nature des choses » : (1) À qui l’architecture sert-elle ? – (2) La tyrannie de la commodité ! – (3) De nouvelles trajectoires…

Ces textes sont inspirés d’une activité obligatoire qu’il dispense aux étudiants de maîtrise à l’Université de Montréal dans le cadre de l’option « Perspectives d’aménagement » du DESS en environnement et développement durable de la Faculté des arts et des sciences, et de la M. Sc. A. en aménagement de la Faculté de l’aménagement l’aménagement. Pour ce deuxième texte de la trilogie : La tyrannie de la commodité !

 

Nos conditions de vie confortables sont très récentes et n’ont été obtenues que par de chaudes luttes. Ces luttes et promesses d’un confort généralisé à toutes les classes de la population, et à la plupart des sociétés du monde, expliquent aujourd’hui l’essor et le triomphe de la commodité.

Mais ce culte de la commodité qui nous coupe du monde extérieur, de nous-mêmes et de notre place dans le monde, affecte maintenant l’ensemble du système Terre et contribue largement au réchauffement climatique global par l’accroissement de nos émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces émissions doivent diminuer et la technologie n’y suffira pas. Des changements de comportements et la baisse de nos niveaux de confort devront également être mis en place selon des modalités à convenir socialement. La transition énergétique ne se réalisera pas sans une transition culturelle et d’ordre comportemental de notre rapport au confort confort.

Sorti à l’été 2008, Wall-E a reçu les meilleures critiques de l’histoire de Pixar. Ce film fait allusion à la réalité destructrice des humains, une critique toujours d’actualité. C’est l’histoire des membres restants de la race humaine expédiés sur un vaisseau spatial nommé « Axiom ». Ils se déplacent uniquement dans des chaises mobiles, interagissent par le biais d’écrans, boivent toute leur nourriture et paressent toute la journée attachés à des écrans. Une société de confort et de commodité sans contrainte ni effort !

Quel mal y a-t-il à vouloir se faciliter la vie tout en confort ? Sauf que, comme le souligne le juriste américain et professeur à la Colombia Law School, Tim Wu, dans une somptueuse tribune publiée dans le New York Times du 16 février 2018, intitulée « The Tyranny of Convenience1 :

« La commodité est certainement la force la plus puissante qui façonne nos vies et nos économies. Elle est pourtant la plus sous-estimée et la moins bien comprise dans le monde d’aujourd’hui ».

La commodité est étroitement liée à la vie matérielle et s’exprime par la réduction de l’effort physique sans gestes inutiles et pénibles. Transposée aux objets, elle renvoie à tout ce qui est simple d’utilisation, fonctionnel, pratique et sans douleur. La commodité s’exprime en architecture par le plaisir avec lequel on habite, où la température et le taux d’humidité sont idéals, où nos espaces de vie aseptisés sont exempts de saletés et de substances indésirables. Nos villes modernes, cette mainmise de l’Homme sur la nature qui s’exprime avant tout par l’aménagement continu du territoire, sont, elles aussi, devenues des lieux de grande commodité. On le voit chaque année dans le magazine FORBES avec son palmarès des meilleures villes du monde2, où elles sont évaluées en matière de commodités, d’accessibilité, d’agrément, de plaisir… en somme de confort.

Dans l’ensemble, l’humanité a manifesté une aspiration commune à la diminution – voire la disparition – de l’effort grâce à la technologie. À cet égard, il n’y a rien de surprenant puisque le corps en retire des bénéfices. Le confort est déterminant et très peu documenté pour comprendre l’évolution récente de l’humanité et de ses impacts irréversibles à l’échelle planétaire (perte de biodiversité, fonte des calottes polaires, pénurie d’eau, phénomènes météorologiques extrêmes, déplacements migratoires). Il fait tellement partie de notre quotidien qu’il est devenu difficile de le concevoir comme un sujet de réflexion. Il manque, pour décrypter notre époque, cette exploration de nos modes de vie tout en confort. C’est l’hypothèse défendue par l’anthropologue italien Stefano Boni dans son essai Homo confort : le prix à payer d’une vie sans efforts ni contraintes publié en 2022.

La commodité comme libération ou transgression

L’humanité est entrée au 16e et 17e siècles dans une nouvelle époque d’émancipation où le développement massif de l’industrialisation et l’essor du capitalisme ont rendu possible la production de masse, créant un monde dont un des idéaux est la recherche de meilleures conditions de vie. Ce progrès majeur s’est poursuivi tout au long du 18e siècle, marqué par la séparation de l’Homme avec la nature et par l’institution des sciences modernes qui accrédite l’exploitation des ressources de la planète pour servir l’Homme, ses buts, ses intérêts et son confort.

Photo haut, gauche, Révolution industrielle : Vue d’ensemble de l’usine de cuivre de M. Vivian à Swansea, Pays de Galles, Royaume-Uni – Source : ©AFP/Leemage. Photo haut, droite : campagne publicitaire Rousseau & C. Photo bas, Anarchy and Anarchists par Michael J. Schaack 

Le 19e siècle inaugure ce qu’on a appelé la « démocratisation du bien-être ». Dans Sociologia dell’ambiente, par-delà le cercle privilégié des riches qui y avaient déjà accès, les auteurs montrent que la bourgeoisie issue de l’industrialisation a maintenant accès à des serviettes et tissus en coton, des vêtements chauds et confortables ou encore à des toilettes individuelles. Mais c’est à partir de la seconde moitié de ce siècle qu’on assiste à d’importantes revendications de la part, cette fois, des travailleurs pour de meilleures conditions de vie. Le 4 mai 1886, à Chicago, le massacre de Haymarket Square est un événement historique marquant, qui constitue le point culminant de la lutte pour un mode de vie décent : la journée de huit heures ! Dans de nombreux pays du monde, on célèbre la fête du Travail le 1er mai, pour commémorer cet événement.

Avec les grandes expositions universelles du début du 20e siècle, la méfiance à l’égard des machines (le luddisme) disparaît progressivement3. La mécanisation est maintenant un cadre habituel et normal grâce au plaisir nouveau suscité par l’amélioration des conditions de vie. Arrivent les années 1950 et l’après-guerre où tout s’accélère. C’est la période des « Trente Glorieuses » avec la multiplication rapide de l’électrique, l’eau courante, le téléphone, la climatisation, le lave-linge, les autoroutes, l’aviation, et j’en passe. C’est un nouveau mode de vie qui se met en place avec la société de consommation fondée sur des stratégies publicitaires qui vantent les mérites de la commodité et du confort de la vie moderne, au grand bonheur de la maximisation monétaire de l’économie.

Photo gauche : Exposition universelle de Paris, 1889 : la galerie des machines – Source :  © Library of Congress. Photo centre : Illustrations de R.C. Swanson, 1960. Photo droite : Wikipedia/Adam Jones.

Suivent les années 1970 qui remettent en cause ce modèle de « l’American Way of Life ». Pour la contre-culture, l’idéal de confort et de commodité était devenu un signe de conformisme qui a généré de fortes oppositions et d’importantes critiques. Mais les idéaux de la contre-culture ne résistent pas aux crises inflationnistes de la fin de cette décennie. C’est alors la naissance de la mondialisation, du culte de l’individualisme et l’essor de la troisième révolution industrielle, celle des technologies informatiques qui, loin d’être immatérielles, reposent sur une infrastructure d’une ampleur sans précédent et au coût écologique faramineux qui propulsera « Homo-confort » à des niveaux inégalés.

On aurait pu s’attendre à ce que la société ralentisse sa croissance, mais la pensée néolibérale et la dérégulation de l’économie des cinquante dernières années n’ont fait que multiplier les biens de consommation et l’essor de l’individualité. L’idéologie propre à la modernité capitaliste ne vise pas à atteindre un seuil de confort acceptable, mais de toujours s’assurer d’une croissance infinie. En 2023, en deux jours de fête promotionnelle, 375 millions d’articles ont été vendus dans le monde par Amazon. Cela équivaut à 130 000 articles vendus par minute, dont la plupart sont des gadgets qui se retrouvent à la poubelle. C’est 25 % de croissance supplémentaire par rapport à l’année 20224.

Désormais, le confort ne sert plus seulement à satisfaire nos besoins réels et essentiels, mais constitue le cœur des processus de l’hypermodernité capitaliste consumériste et de sa logique d’industrialisation et de financiarisation de la vie dans laquelle notre sentiment de bien-être repose principalement sur un confort mécanisé et l’accumulation d’objets acquis par écran interposé. Sauf que la Terre est en surchauffe, le climat se rebelle et les sociétés sont en « burnout » !

Sources : Getty/The Sun et co2.earth

 

Un confort insoutenable

Cette dépendance à ce confort matériel contribue évidemment au réchauffement climatique global de la planète par l’accroissement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La concentration de CO2, au début de l’époque préindustrielle, se situait autour de 280 ppm, tandis qu’il s’établissait en mai dernier à 426,90 ppm5. Il faut remonter à l’époque du Pliocène, il y a environ trois millions d’années, pour observer des concentrations similaires.

Ce chiffre, selon l’organisation internationale d’aide humanitaire Oxfam, traduit tragiquement l’ampleur des inégalités mondiales liées aux modes de consommation et du niveau de confort entre les habitants les plus riches et les plus pauvres de la planète6. Les 10 % des Terriens les plus fortunés sont responsables de 48 % de toutes les émissions mondiales de GES, tandis que les 50 % les plus pauvres, environ 3,5 milliards de personnes, ne sont responsables que de 12 % du total. Chaque Terrien émet en moyenne 6,6 tonnes de CO2 par an, mais les 10 % les plus riches en émettent 31 tonnes et le top des 1 % en émet 110 tonnes par personne – soit presque 70 fois plus que les 50 % les plus pauvres au monde, dont l’empreinte moyenne n’est que de 1,6 tonne. Ce mode de vie centré sur le confort et la commodité place les Québécois au 10e rang du classement des pays les plus riches et les plus émetteurs.

Ces données sont aussi à mettre en perspective avec les émissions globales de GES à émettre pour espérer contenir le réchauffement d’ici 2050. Le GIEC nous rappelle que pour limiter une hausse moyenne des températures à 1,5 °C, il faut faire chuter nos émissions de GES de 50 % d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2040 par rapport à celles émises en 2019. Pour respecter les accords de Paris (COP21), il va falloir en moyenne diviser par 5 nos émissions de GES, ce qui ne se fera pas sans une transformation de notre niveau de confort devenu insoutenable.

Garphique gauche : Seuil de revenu par habitant en 2015 (PPA 2011) des 1 % les plus riches : 109 000 dollars ; 10 % les plus riches : 38 000 dollars ; 40 % du milieu (classes moyennes) : 6 000 dollars ; et 50 % les plus pauvres : moins de 6 000 $. Le budget carbone mondial en 1990 avait 33 % de chances de dépasser les 1,5 °C : 1 250 Gt – Source :  Oxfam.
Graphique droite : IPCC AR6 WG1 ; Friedlingstein et al. 2022 ; Global Carbon Budget 2022 ; Foster et al. 2023.

Nos modes de vie tout en confort dépassent déjà largement la capacité de charge de la Terre, tant du point de vue de l’équité du droit de l’appropriation des ressources que de la capacité de régénération de la biosphère. Et ne comptez pas sur la technologique pour le conserver ce confort. De récentes recherches le démontrent : la quête d’un confort soutenable s’inscrit dans le concept de suffisance7.

« La suffisance doit être la priorité », souligne impérativement la Dre Yamina Saheb, auteure principale du sixième rapport d’évaluation du GIEC sur l’atténuation du changement climatique et maître de conférences à Sciences Po sur les risques climatiques. Les objectifs de suffisance sont un ensemble de mesures qui permettent d’adopter des modes de vie et des pratiques plus sobres qui évitent la demande d’énergie, de matériaux, de terre, d’eau et d’autres ressources naturelles, tout en assurant le bien-vivre des Hommes et le bien-être de l’ensemble du vivant. Appliqué au confort, il s’agit d’identifier le niveau de confort qui nous suffit et de se passer du superflu. « Le bien-être pour tous dans les limites de la planète »8.

Schéma expliquant la « théorie du donut » de Kate Raworth9

Apprivoiser cette idée d’un confort acceptable et soutenable demande des changements culturels et politiques majeurs vers plus de sobriété et des transformations de nos comportements selon des modalités à établir démocratiquement. Un changement de paradigme qui, au-delà de l’abondante recherche universitaire, est devenu un vaste domaine d’actions10, 11. Des chercheurs tels que Daniel A. Barber, directeur de l’école d’architecture de l’Université de technologie de Sydney,contribuent à susciter un débat mondial sur l’architecture et l’environnement. Leurs travaux soutenus par d’importantes subventions de recherche se concentrent sur le climat et sur le développement de concepts et de cadres pratiques permettant aux architectes, aux décideurs politiques, aux promoteurs et autres acteurs de mieux s’attaquer à l’urgence climatique.

Pour une nouvelle émancipation – Faire tenir les siens et le monde12

Ces recherches et ces actions vers plus de sobriété ne marqueront pas la fin des commodités de la vie revendiquées depuis les révolutions sociales du 19e siècle,mais probablement son véritable commencement, à distance cette fois de l’hypermodernité capitaliste consumériste. Un peu partout des signes de résistance populaire à l’égard de nos modes de vie hors-sol gagnent du terrain. C’est le constat que fait la philosophe britannique Kate Soper dans sa récente publication Post-growth living: for an alternative hedonism, où elle montre une voie à suivre pour créer un avenir écologiquement durable du bien-vivre13. C’est une « décolonisation de nos imaginaires de la croissance » pour reprendre la célèbre formule de l’économiste Serge Latouche, l’un des principaux promoteurs de la sobriété et de la  post-croissance.

William Morris, architecte, écrivain et politicien britannique (1834-1896) fait l’objet d’un fort regain d’intérêt ces dernières années14. Les idées qu’il formule en pleine époque victorienne et qu’on retrouve dans le livre Comment nous vivons, comment nous pourrions vivre ont la charge d’un manifeste pour notre temps.

Assistant à l’essor du capitalisme industriel, William Morris, avec la puissance visionnaire de sa pensée, va décrire ses effets sur la vie humaine et l’environnement avec une exactitude impressionnante. Ce n’est en effet rien de moins que l’anthropocène qu’il annonce. Le caractère précurseur de ses analyses tient en particulier à la relation qu’il établit entre les aspects sociaux et écologiques. Il montre comment le capitalisme et le système industriel conduisent à une dégradation généralisée de la vie humaine et à la pollution des milieux de vie. Il anticipe, un siècle en avance, les questions d’éthique en aménagement.

Au moment même où les conditions d’habitabilité de la Terre sont en jeu, la désignation de Francis Kéré pour le Pritzker Prize 2022 récompense une manière différente de pratiquer l’architecture. Au-delà de l’objet architectural, les choses, les hommes, les savoirs ont une valeur et les réunir autour de se construire un projet, c’est la communauté qui se renforcent, c’est l’intérêt collectif qui croît, qui s’auto-construit. L’architecture vise à créer des structures tout en sobriété, tout en beauté, pour servir, apporter un certain confort, inspirer et donner de la confiance aux habitants d’un lieu12.

C’EST L’ART DE VIVRE ENSEMBLE !

William Morris réunit un groupe d’architectes, d’industriels ainsi que de nombreux artisans et, à partir de savoir-faire traditionnels (vernaculaires) et de matières naturelles, ils vont créer un univers de formes et d’objets nourris de références à la nature conjuguant robustesse et simplicité.

Hassan Fathy (1900-1989) s’est engagé toute sa vie dans l’architecture du monde musulman ; il faisait corps avec sa culture, son climat et sa géographie. Fathy eut ce qui était alors une idée révolutionnaire. À partir des compétences artisanales ancestrales et de la brique de terre crue, il conçoit des habitats vernaculaires à un coût minime afin d’améliorer l’économie et le niveau de vie des populations rurales. Il magnifiait ce qui était à sa portée, à savoir l’argile et les paysans en y ajoutant de la beauté. 

C’EST L’ART DE FAIRE ET DES SAVOIR-FAIRE !

Ce que nous lègue William Morris, c’est un ensemble de savoir-faire, de vivre et d’habiter, fondé sur la solidarité et le souci de notre maison commune qu’est la Terre. Il nous indique à sa façon de prendre soin de ce qui nous entoure et d’habiter confortablement d’une autre façon.

Plusieurs travaux sur l’économie du partage, dont ceux d’Elinor Ostrom – qui lui ont mérité le Nobel d’économie en 2009 –, montrent qu’il existe un autre type de modèle économique pour faire face aux crises actuelles. La prémisse est que « communaliser » implique de partager ce qui est nécessaire à notre existence, d'être en phase avec les ressources limitées de la terre et soutenir la vie sociale et l’ensemble du vivant.

C’EST L’ART D’HABITER SUR CETTE TERRE !

Le confort autrement

Traditionnellement les architectes s’occupent de la conception des bâtiments. Les ingénieurs arrivent par la suite pour notre grand confort avec des systèmes électromécaniques pour le conditionnement de la température intérieure et la qualité de l’air. C’est l’approche technocentriste qui est née de l’après-guerre et qui permet d’élargir le confort moderne à toutes les régions du monde, d’aplanir les saisons et de s’encapsuler. Des bâtiments devenus des objets solitaires, comparables à des « bouteilles thermos » sans aucune relation au climat devenu de plus en plus imprévisible.

Depuis une vingtaine d’années, une surenchère d’étiquettes environnementales s’accroche à ces bâtiments et pourtant ils ressemblent étrangement aux plus anciens ! Quelle est la fiabilité de cet affichage environnemental qui s’apparente à une forme de greenwashing ?

Pour le dire clairement, l’architecture durable n’a pas fonctionné. Nos émissions augmentent sans cesse15, 16. De récentes études publiées en Allemagne font apparaître des résultats paradoxaux. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments n’entraîne pas de baisse de la consommation d’énergie. La consommation reste stable et les taux d’émission de GES dopés par les travaux s’envolent.

Source : National Observer

Avec ces nouvelles normes écologiques, l’on s’enferme dans des lieux confortables, aseptisés et extrêmement coûteux, qui nous empêchent de percevoir le MONDE. Le changement le plus important dans la conception de nos bâtiments au cours du 20e siècle a sans doute été l’homogénéisation de l’espace encapsulé et thermiquement mécanisé17.  

Haut : « Habiter la chaleur », The day after house, Madrid par Agence TAKK Architecture (2021)18 .Bas : Schémas spéculatifs suggérant comment coupler des « murs respirants » avec une ventilation par flottabilité. À gauche – La flottabilité alimente la ventilation, mais il n'y a pas de récupération de chaleur à l'échappement. À droite – Hypothèse sur la manière de récupérer la ventilation à l'échappement à l'aide d'une double coque.19

Avant les réfrigérants, les connaissances vernaculaires régissaient la manière dont les bâtiments s’adaptaient à leurs milieux. Des stratégies subtiles et sophistiquées développées par de nombreuses civilisations. Produire aujourd’hui des conditions de vie confortables sans l’aide d’équipements mécaniques et sans émission de GES redevient un art conceptuel et technique subtil et indispensable à remettre de l’avant et qui s’appuie sur un champ de recherche post-mécanique en pleine effervescence qu'on appelle : La science de l’architecture.

La science de l'architecture, c’est l’art de faire et des savoir-faire pour un vivre ensemble soutenable. Un art d’habiter sur cette Terre qu’il faut mettre en application et c’est ce que nous allons voir dans le dernier texte de cette série.

La suite en septembre avec le troisième volet de la trilogie : De nouvelles trajectoires…

Notes

1 https://www.nytimes.com/2018/02/16/opinion/sunday/tyranny-convenience.html
2 https://www.forbes.fr/classements/classement-les-20-meilleures-villes-au-monde-pour-vivre-paris-continue-sa-chute/
3 https://www.cairn.info/histoire-des-mouvements-sociaux-en-france--9782707169853-page-69.htm
4 https://advertising.amazon.com/fr-ca/blog/prime-day-2023-best-deals-top-selling-products
5 http://www.co2.earth
6 https://www.novethic.fr/actualite/infographies/infographies/isr-rse/les-1-les-plus-riches-emettent-plus-de-co2-que-les-50-les-plus-pauvres-l-infographie-qui-revele-les-inegalites-climatiques-150432.html
7 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352550921002955
8 https://www.buildingsandcities.org/insights/commentaries/cop26-sufficiency.html
9 https://cec-impact.org/blog/la-theorie-du-donut-une-boussole-pour-les-decideurs-du-xxieme-siecle/
10 https://www.e-flux.com/architecture/after-comfort/568230/editorial/
11 https://placesjournal.org/series/repair-manual/
12 https://aoc.media/critique/2022/03/22/faire-tenir-les-siens-et-le-monde-a-propos-de-francis-kere/
13 https://placesjournal.org/article/alternative-hedonism-and-the-trouble-with-consumption/
14 https://www.roubaix-lapiscine.com/expositions/exposition-william-morris-lart-dans-tout/
15 https://www.nationalobserver.com/2019/12/12/analysis/global-climate-summit-cop-or-cop-out
16 https://www.buildinggreen.com/op-ed/net-zero-has-failed-we-need-universal-carbon-standard-buildings
17  https://divisare.com/projects/454783-takk-jose-hevia-the-day-after-house
18 https://www.frontiersin.org/files/Articles/606258/fbuil-06-606258-HTML-r2/image_m/fbuil-06-606258-g003.jpg
19 https://www.literatureandscience.org/wp-content/uploads/2017/12/Otter-FINAL.pdf 

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