Comparatif coûts/bénéfices économiques – Maison passive et conventionnelle
Évidemment, comme rien n’est parfait en ce bas monde, la critique du coût élevé résonne en écho dès que l’on parle de construction écologique. Trois types de frais globaux sont généralement évoqués pour comparer le coût d’une maison passive et conventionnelle.
On parle ici de frais qui ne concernent pas les travaux, mais qui sont essentiels à leur réalisation : conception, bilan thermique, étude de sol, etc. Les coûts de tous ces frais annexes seront effectivement plus élevés pour la construction écologique (entre 15 % et 45 %), mais il faut prendre en compte que cette marge est entièrement justifiée par les travaux de conception et d’idéation nécessaires à l’adaptation du projet de construction à son environnement. Contrairement à la maison conventionnelle, dont les plans sont reproductibles, la maison écologique est unique et ne pourrait se réaliser selon un devis standard.
- Frais de fonctionnement et performance
Cet argent supplémentaire n’est pourtant pas dépensé en vain et bon nombre y voient un investissement. En effet, on pourra s’attendre à des économies substantielles à long terme dans certains cas, selon les systèmes installés, puisque certains permettent des économies sur les frais de fonctionnement. Qui dit maison passive, dit frais de chauffage réduits ! On parlera même de réduction de presque la moitié pour le coût de l’eau chaude grâce à un chauffe-eau solaire, ou encore pour le coût de l’eau dans le cas d’un système de récupération d’eau de pluie. Aussi malin qu’écolo !
On repère deux différences fondamentales dans la différence de coûts entre la maison conventionnelle et son pendant écologique. Il s’agit de la durabilité des matériaux et les choix techniques pour la construction. En effet, si la maison conventionnelle fait usage de méthodes et matériaux connus pour leur performance, force est d’admettre que sa préoccupation première n’est pas la durabilité ni la possibilité de réparation en cas de bris. Le cycle de vie utile des éléments est envisagé sur le court terme, avec pour unique finalité le remplacement. Pensons uniquement aux fenêtres en plastique et aux doubles vitrages, tristes emblèmes de cette idéologie de non-durabilité. C’est là où la construction écologique se place à l’opposé du spectre, où tout est pensé en fonction de la durabilité et de la performance à long terme des éléments et des méthodes. Exit facilité et rapidité au détriment de l’environnement.
En cours de R et D, le lancement de la brique de chanvre ISOTK, une formule unique, est prévu pour 2021. Photo : Laurie-Edwidge Cardinal
S’il est vrai que de bâtir une maison écologique requiert un investissement au départ, c’est sur le long terme que les économies se laissent agréablement découvrir. On dit souvent que lorsque nous économisons à outrance sur un bien ou un service, c’est que quelqu’un d’autre en paye le prix. Ici, c’est la planète qui paye pour les économies réalisées lorsque l’on fait le choix d’une construction conventionnelle. Mais un enjeu s’impose : comment, progressivement, changer les mentalités afin de favoriser une ouverture face à des constructions plus durables et intelligentes pour le bien-être du résident et la protection de l’environnement ?
Pour ISOFIB, nous croyons qu’établir une meilleure relation et communication entre les architectes et applicateurs/entrepreneurs est le point de départ à favoriser. Ensuite, l’organisation d’ateliers pratiques sur place ou par des webinaires destinés aux professionnels de la construction avec des organisations comme les associations de constructeurs s’impose d’emblée comme une avenue intéressante. Par ailleurs, impossible de parler de formation sans souligner qu’une révision des formations et de la base des programmes dans les écoles et universités du Québec pourrait être souhaitable : du DEP jusqu’aux chaires universitaires, et ce, afin de développer la notoriété du concept des « maisons passives » pensé et imaginé en Europe.
D’autre part, certains architectes ont déjà embarqué dans cette nouvelle vision du « mieux construire ». En plein cœur de Montréal, l’architecte Jean-Paul Boudreau (JPB Architectes) utilise les panneaux de bois, la laine d’isolation en chanvre et les membranes d’étanchéité d’air de la marque française SALOLA. Le projet Tricycle est la transformation complète et la revitalisation d’un ancien café en une maison unifamiliale sur deux étages.
Autre exemple prometteur, le projet Ahuntsic Réno de l'architecte Kim Cloutier. Elle nous l’explique en ses mots cette conversion d'un duplex en cottage : « Les raisons principales qui m’avaient fait opter pour ce produit sont que nous rénovions une maison des années 50, dont les murs extérieurs sont en carré de bois. Le pare-air existant était d’origine et je voulais un isolant qui pourrait bien réagir aux différentes intempéries du Québec. De plus, le produit est 100 % naturel et fabriqué localement ! »
Détails de construction. Les projets Tricycle (à gauche) et Ahuntsic Réno (à droite) utilisent divers matériaux biosourcés, tels panneaux de bois, laine d’isolation en chanvre et membranes d’étanchéité d’air de la marque française SALOLA.
Au cours des dix prochaines années, bâtir différemment sera crucial pour maintenir un équilibre écologique, tout en gardant un confort et une protection optimale des habitations de demain. Les changements climatiques nous obligeront tôt ou tard à nous adapter, mais pourquoi ne pas nous y mettre aussitôt, et de bon cœur ?