Résidu d’aluminium cherche recycleurs Kristina Paukshtite

L’aluminium se recycle à l’infini, dit-on. C’est un avantage environnemental certain sachant que l’électrolyse et la première fusion sont particulièrement délétères pour l’environnement.

Le recyclage ne requiert que 5 % à 8 % de l’énergie nécessaire à la production de métal primaire. Mais il ne suffit pas de mettre les rebuts d’aluminium au four pour remettre l’aluminium en circulation. La diversité des alliages, des formes et des peintures exigent des opérations supplémentaires qui compliquent la logistique du recyclage. Si le Québec est un leader mondial pour la production d’aluminium primaire de faible empreinte environnementale, sa filière du recyclage commence seulement à s’organiser avec notamment les exemples de Sotrem et de Shawinigan Aluminium.

« On recycle encore trop peu au Québec. Beaucoup de notre aluminium récupéré est envoyé aux États-Unis ou en Asie où il y a des centres de recyclage plus développés », reconnaît François Racine, président-directeur général de la grappe industrielle AluQuébec. Le problème est que les produits d’aluminium peuvent combiner plusieurs alliages en plus d’être peints ou vernis, illustre Julien Houde-Lord, directeur financier et commercial chez Shawinigan Aluminium. À cela s’ajoutent les peintures, laques ou autres revêtements qui contiennent souvent des composés organiques volatils. Ces revêtements doivent être décapés puis incinérés avec des normes à respecter pour contrôler les émanations toxiques et toutes ces étapes de séparation et de décapages des rebuts d’aluminium en compliquent le recyclage. À Saguenay, toutefois, la division Sotrem du groupe Sotrem Maltech dispose d’un four et est équipée d’un système de refonte pour le recyclage de copeaux, de rebuts d’aluminerie haut en bain ou encore tout autre rebut d’aluminium préconsommateur.

Conscient de cette difficulté du recyclage de l’aluminium, Francis Fortin, architecte associé chez Lafond Côté Architectes, a récemment opté pour des panneaux de revêtement en aluminium anodisé. « C’est un moyen de faire la finition durable et écologique d’un panneau. On fait passer un courant électrique dans un bain, qui oxyde le panneau de manière uniforme, et comme il n’y a pas de revêtement de surface, si on doit démolir le bâtiment, ces panneaux peuvent être refondus directement », commente-t-il.

 

Billettes d’aluminium recyclées. – Photo : Shawinigan Aluminium

Les rebuts post-industriels qui n’ont pas encore reçu de traitement de surface sont techniquement plus faciles à recycler, mais ils exigent un contrôle plus étroit des approvisionnements. C’est ce que fait Shawinigan Aluminium, une autre division de Sotrem Maltech, spécialisée dans la production de billettes d’aluminium. « On applique une recette d’alliage, un traitement thermique et on ajuste les dimensions de la billette selon les spécifications des clients », décrit Julien Houde-Lord. Les clients occupent des marchés de niche des domaines du cylindre (cylindres de plongée, bonbonnes d’incendie et cylindres à usage médical) ainsi que les marchés de l’automobile, des échangeurs de chaleur, de la construction…, autant de secteurs qui exigent des alliages de qualité.

Initialement, Shawinigan Aluminium s’approvisionnait en aluminium primaire auprès des alumineries ainsi qu’en aluminium recyclé auprès de Sotrem, mais dans ce dernier cas, le recyclage n’est pas optimal d’un point de vue de la dépense énergétique puisque les rebuts étaient fondus une première fois chez Sotrem, transportés sous forme solide à Shawinigan où ils devaient être refondus. Le contrôle de la qualité des alliages est aussi plus complexe. Mais des aides financières ont permis à Shawinigan Aluminium d’investir dans de nouveaux équipements pour développer une boucle de recyclage de proximité en recyclant les rebuts d’aluminium de ses propres clients ainsi que d’autres sources. « On récupère les rebuts directement à la source, chez nos clients, on les ramène dans nos installations, on trie les alliages et on les remet dans nos fours. Au besoin, on ajoute les ingrédients d’alliages et ensuite, on coule les billettes », décrit Julien Houde-Lord. Les rebuts fondus sont cependant mélangés avec de l’aluminium primaire, de sorte que le contenu recyclé des nouvelles billettes se situe entre 20 et 60 %. Shawinigan Aluminium effectue des tests pour respecter les spécifications d’alliages de ses clients « On certifie que la billette recyclée est de la même qualité que la billette d’aluminium primaire, assure Julien Houde-Lord, et on offre un accompagnement à nos clients avec des services externes de Rio Tinto pour qu’ils fassent leurs propres analyses. »

Shawinigan Aluminium s’est équipée d’un four de refonte pour recycler les rebuts d’aluminium de ses propres clients. – Photo : Shawinigan Aluminium

Sur le cycle complet, incluant le transport, le procédé de recyclage de Shawinigan Aluminium génère entre 0,6 et 0,9 tonne de CO2 par tonne d’aluminium. En comparaison, selon l’Association de l’aluminium du Canada, les neuf alumineries (dont huit sont situées au Québec) génèrent deux tonnes de CO2 par tonne d’aluminium. Chaque tonne de billettes d’aluminium recyclé produite à Shawinigan évite donc l’émission de plus d’une tonne de CO2. Quand l’entreprise aura atteint son objectif de produire 60 000 tonnes de billettes d’aluminium recyclé annuellement, ce seront donc plus de 60 000 tonnes de CO2 qui ne seront pas envoyées dans l’atmosphère chaque année.


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