Le milieu de travail y passera aussi
Alessandro Calligaro s’intéresse aussi au design des milieux professionnels. Il évoque une salle de réunion en milieu psychiatrique où il rencontrait ses collègues pour discuter des patients. « Ce qui se disait était assez lourd, la pièce était froide et grise et on ne pouvait pas la changer », raconte-t-il. Il a proposé de rendre l’atmosphère plus chaleureuse, non pas en modifiant le design, car ce n’était pas du ressort du psychiatre, mais en ajoutant une activité parallèle : manger ou prendre un verre. « Ce n’est pas quelque chose qui se fait normalement dans un hôpital et l’atmosphère était complètement différente, soutient Alessandro Calligaro. On était capables de travailler beaucoup mieux. »
Devenant décorateur intérieur, il espère poursuivre cette démarche en jouant sur l’aménagement des lieux. L’idée n’est pas de créer des espaces de travail personnalisés pour chaque employé, mais de se concentrer sur la dynamique des groupes de personnes, de l’entreprise ou le type de service offert.
« Un hôpital, fait-il remarquer, ce n’est pas quelque chose où vous vous sentez à l’aise. C’est un endroit qui doit être propre, fonctionnel, mais vous devez penser aux idées des patients. Des gens viennent là pour un cancer de la peau, pour un lifting ou des questions d’esthétique… des patients complètement différents et vous ne pouvez pas tous les mettre dans une pièce blanche ou verte. »
Le concept s’applique aussi à l’industrie touristique. Alessandro Calligaro possède lui-même une maison à Rome qu’il loue aux touristes. La maison est décorée selon sa personnalité, avec ses meubles, sa vaisselle et même ses livres et ses disques. Elle ne reflète pas la personnalité des multiples locataires qui y séjournent, mais à leurs yeux, c’est la maison d’un Romain, et elle répond à leur désir de vivre l’expérience romaine. Elle offre un environnement authentiquement romain comparativement aux chambres d’hôtel sans âme ou aux appartements de location invariablement meublés en Ikea. Au dire du psychiatre, elle apporte aussi un élément rassurant. « Les gens qui voyagent ont toujours une crainte quand ils vont dans un nouveau pays, une nouvelle ville. Donc, explique-t-il, la possibilité d’avoir une maison est vraiment unique pour eux.»
Originale, inattendue, certes, mais l’idée n’a finalement rien de saugrenu. Elle laisse même entrevoir des perspectives inédites pour dynamiser et humaniser les milieux professionnels.
Psy Interiors