René Auberjonois (1872-1957)
Artiste majeur de l’art suisse du XXe siècle, le dessin lui sert d’approche pour d’autres œuvres dans le domaine du paysage, de la peinture murale, du vitrail, du décor de théâtre, de l’illustration et de la caricature. Lors d’une conversation avec un auteur de la revue Formes et Couleurs en octobre 1942, il parle ainsi du dessin : « Ce trait […] empruntant sans rien perdre de sa sensibilité des lignes droites ou courbes de la géométrie. »
L’église des Jésuites à Sion (Suisse). Non daté, crayon et encre de Chine sur papier. – Source : René Auberjonois, ADAGP, Paris 2024
Vicky Fischer (1981-)
Elle est une jeune artiste ayant fréquenté des écoles d’art en France, mais possédant aussi un diplôme en pâtisserie. Pendant le confinement, Vicky, alors jeune maman, prend en photo les pavillons de la banlieue où elle vient de s’installer. Elle se fait offrir une ancienne presse d’impression et transforme ses photos de maisons en estampes. Elle peut ainsi jouer avec les textures et adapter la photo comme un dessin au crayon. La série Chers voisins est une sorte d’inventaire qui exprime le territoire de la banlieue nord-parisienne dont les ensembles résidentiels sont hétéroclites.
Tirés de la série Chers voisins, 2023, monotypes à l’huile sur papier coton, Arches. – Source : Vicky Fischer
Frédéric Pajak (1955-)
Fondateur et directeur artistique du Festival du dessin d’Arles, Frédéric Pajak nous a accueillis à Arles avec beaucoup de générosité. Il a créé avec Vera Michalski, il y a vingt ans, la maison d’édition Les Cahiers dessinés. Les artistes qu’il a invités au Festival du dessin sont à l’image de l’ensemble de son œuvre : foisonnante de créations littéraires illustrées et consacrée au dessin libre, sans restriction.
Le Temps à Arles, 2022, encre sur papier. – Source : Frédéric Pajak
Alberto Giacometti (1901-1966)
Alberto Giacometti est plus connu comme artiste peintre et sculpteur. Lorsqu’il gagne Paris pour s’y installer dans les années 1930, il se lie d’amitié avec André Breton, le leader du groupe surréaliste, que Riopelle côtoie aussi. Giacometti délaisse ce courant et revisite Paris de manière solitaire, rendant ses dessins audacieux et inclassables.
Lithographies tirées de Paris sans fin, 1961. – Source : Alberto Giacometti/ADAGP, Paris 2024
Adolphe Martial Potémont (1828-1883)
Né à Paris, il s’initie à la peinture de paysage et d’histoire. Il est qualifié d’aquafortiste de génie et va laisser près de 300 vues gravées du vieux Paris.
Dessin d’Adolphe Martial Potémont. Percement de la rue Soufflot – rue Saint-Hyacinthe – Saint-Michel, Paris, 1868 (pendant la période des travaux haussmanniens, NDLR), eau-forte, collection du département des estampes et de la photographie. – Source : Aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de France/Martial Potémont
Thomas Ott (1966-)
Les dessins du Zurichois Thomas Ott sont reconnaissables par le saisissant contraste entre le noir et le blanc. Il a fait une école de graphisme qui lui a permis d’exercer le métier d’illustrateur et de dessinateur de bandes dessinées. Il a préparé, pour les Éditions Louis Vuitton, Route 66, paru dans la collection Travel Book. Il s’agit de dessins exécutés aux États-Unis dépeignant la fameuse route 66 qui démarre à Chicago et se termine à Los Angeles. Thomas Ott dessine des endroits qui semblent abandonnés sur la route mythique.
Route 66, coll. Travel Book, Louis Vuitton Malletier, 2018. – Source : Thomas Ott
Clara Marciano (1990-)
Clara Marciano crée de grands dessins à partir de différentes illustrations, de la gravure hollandaise ou allemande du XVIe siècle à la bande dessinée. Elle aborde des thématiques comme les catastrophes naturelles, la montée des eaux, la pollution, la crise migratoire et les déséquilibres Nord-Sud. Ses dessins racontent une histoire et foisonnent de détails.
Datcha, 2020, graphite sur papier. – Source : Clara Marciano
Laurent Cilluffo (1968-)
Ce dessinateur français de Lille voulait d’abord être architecte, mais il s’est réorienté vers les beaux-arts et la sérigraphie. Il aime faire apparaître la « mécanique urbaine » à travers ses dessins : les traits et les couleurs en sont la représentation artistique. Il collabora avec le magazine le New Yorker durant de nombreuses années et publia en collaboration avec sa femme l’album pour enfants Bingo (Éditions Rouergue).
Amsterdam, coll. Travel Book, Louis Vuitton Malletier. – Source : Laurent Cilluffo
Bernard Grandgirard (1957-)
Ce dessinateur fréquente l’atelier CREAHM à Fribourg. C’est un atelier créé par un artiste suisse selon un modèle belge, mettant en lumière les formes artistiques produites par des personnes en situation de handicap mental. Grandgirard y compose ses dessins de scènes et de perspectives spectaculaires. Ces dessins racontent des histoires inspirées de l’Amérique cinématographique du siècle passé.
Intérieur du saloon, 2018, feutre à encre de Chine, collection CREAHM. – Source : Bernard Grandgirard
Stéphane Calais (1967-)
Cet artiste français a fait ses études aux Beaux-Arts de Nîmes et à l’Institut des hautes études en arts plastiques de Paris. Il s’est vite spécialisé dans les grands dessins muraux. Il en a réalisé dans plusieurs villes du monde. On lui a décerné le prix Marcel Duchamp, et ses œuvres sont au Centre Pompidou. À propos de son œuvre exposée dans la chapelle des Trinitaires d’Arles, Stéphane Calais explique : « Cette œuvre in situ a d’abord été conçue en maquette, puis, une fois arrivée dans la chapelle, plusieurs motifs ont été modifiés pour s’ajuster avec l’architecture du lieu. » Pour lui, le dessin « irrigue » tous les médiums, telles l’architecture et la peinture. Il peut ainsi remodeler les formes sur lesquelles il pose ses longs papiers peints en acrylique.
Installation in situ, chapelle des Trinitaires, Arles. – Source : Emilie & Julien, 2023/Stéphane Calais
Oskar Kokoschka (1886-1980)
À la fois peintre, poète et essayiste, Oskar Kokoschka est né en Basse-Autriche. Il fera ses études à l’école des arts appliqués de Vienne. Il participera aux expositions organisées par Gustav Klimt et Joseph Hoffmann. Il réalisera ses dessins sur le front lors de la Première Guerre mondiale. Il deviendra une figure de proue de l’expressionnisme. Il dira : « Dessinez d’après la nature. La nature donne l’impulsion. […] Saisir l’essentiel, l’instant éclairant, et le fixer par le dessin2. »
Front d’Isonzo, 1916, pastel, aquarelle et pierre noire sur papier. – Source : ADAAGP, Paris, 2024/Oskar Kokoschka
Joseph Beuys (1921-1986)
Cet artiste allemand est considéré comme l’un des artistes les plus avant-gardistes de l’Allemagne d’après-guerre. Il produira ses dessins à la suite d’un accident d’avion lors d’une mission comme pilote en Crimée. Il dessine, dit-il, pour guérir la société de ses maux psychiques et spirituels. « Quand je montre à quelqu’un le chemin et que je lui indique sur un bout de papier le tracé des rues, eh bien je dessine. Au fond, dessiner, n’est-ce pas, ce n’est rien d’autre chose que de faire un plan, ou visualiser quelque chose, un ensemble de relations spatiales ou simplement un rapport de grandeurs3. »
Joseph Beuys, dessin au crayon. – Source : Joseph Beuys/ADAGP, Paris, 2024
Notes
1 Festival du dessin : Le catalogue, deuxième édition, 20 avril-19 mai 2024, coll. Les Cahiers dessinés, 2024, p. 10.
2 Op. cit., p. 26.
3 Op. cit., p. 40.