Deux villes de la francophonie internationale, l’une nord-américaine, l’autre européenne, la première a récemment fêté son 375e anniversaire de fondation tandis que la deuxième a plus de 1 000 ans d’histoire. Malgré leurs différences et leurs particularités, ces cités partagent un même idéal : celui de faire de l’art un vecteur d’identification, de revitalisation et de développement urbain. En ce sens, l’art mural représente pour ces deux municipalités un axe privilégié.
L’expérience montréalaise
L’art mural à Montréal se développe principalement depuis le milieu des années 1980 au moment où le peintre Zïlon et d’autres adeptes du street art débutent leurs interventions dans les rues de la métropole. Depuis une dizaine d’années, on assiste à une accélération de cette pratique, notamment par la création de l’organisme MU qui œuvre à ses débuts exclusivement au sein de communautés locales. À ce jour, MU a réalisé plus de 100 murales à l’extérieur d’habitations à loyer modique (HLM) dans des quartiers populaires ou sur des murs d’édifices du centre-ville. L’énorme fresque Tower of Song, en hommage à Leonard Cohen, est l’une des dernières productions phares de l’organisme.
Sous l’égide de l’organisme MU, les artistes Gene Pendon et El Mac ont réalisé une gigantesque fresque en hommage à Leonard Cohen. Située dans le centre-ville de Montréal, l’œuvre mesure 55 mètres de hauteur sur 20 mètres de largeur. La réalisation est en voie de devenir un emblème iconique de la métropole du Québec. Photo : Olivier Bousquet
Puis, en 2013, la création du Festival MURAL propulse Montréal au rang de capitale du street art au Canada. La métropole du Québec est la seule ville canadienne à figurer dans la collection virtuelle de l’Institut culturel Google. Mise sur pied en 2014, la section sur l’art de rue de Google rassemble des œuvres de 34 pays ; 50 œuvres montréalaises font partie de ce répertoire. Cette percée confirme le rôle grandissant de Montréal dans le domaine de l’art mural sur le plan national et international.
Dès sa première édition, le Festival MURAL s’est positionné comme étant le plus important festival d’art urbain en Amérique du Nord. En 2016, 1,3 million de festivaliers ont arpenté le boulevard Saint-Laurent et ses abords sur une distance d’environ 1 km pour voir en direct la production d’une vingtaine de murales de peintres d’ici et d’ailleurs. À ce jour, la manifestation a produit 80 fresques semi-permanentes. Des grands noms du street art à l’échelle internationale ont participé à l’événement – dont Roa, de Belgique; Seth (Julien Malland), de France; Phlegm, de Grande- Bretagne ; et 1010, d’Allemagne. Seul Banksy manque au tableau.
Star de l’art urbain, l’artiste 1010, d’Allemagne, a exécuté une murale de facture abstraite lors de l’édition 2017 du Festival MURAL. Photo : Jean De Julio-Paquin
Créé en collaboration avec l’association des détaillants locaux, le Festival MURAL s’inscrivait dès le départ dans une offensive de revitalisation d’une artère commerciale emblématique du centre de Montréal. Pendant les onze jours que dure le festival, le boulevard devient piétonnier. S’y déroule une grande foire commerciale avec des concerts de musique, des animations urbaines et un festival d’art urbain qui a donné naissance au principal circuit d’art mural à Montréal. On y retrouve une importante concentration d’œuvres qui contribue au développement du tourisme culturel montréalais. D’ailleurs, la ville finance grandement l’art mural par le biais d’un programme de subventions. Grâce à cet outil se rajoute, chaque année, la réalisation d’environ 20 murales qui dynamisent et façonnent de façon singulière les milieux de vie dans plusieurs arrondissements.