Dans ce nouveau parc de voisinage, la déambulation fait partie intégrante de l’expérience des usagers grâce au corridor piétonnier Camille-Laurin. Longeant principalement ce couloir fleuri, les sculptures de moyenne dimension font partie du projet de requalification de l’ex-zone ferroviaire.
Les œuvres évoluent à l’intérieur d’un parc de voisinage à la rencontre des visiteurs qui découvrent que l’art a aussi une fonction dans le réaménagement global d’un site. – Photo : Jean De Julio-Paquin
Environ 20 % de la surface a été convertie en espace vert. Pour concevoir sa série de sculptures Sporophores, l’artiste s’est appuyé à la fois sur le passé du lieu et sa transformation écoresponsable actuelle. Des figures iconoclastes, mi-humaines, mi-végétales, semblent surgir du sol par des tubes imaginaires, enfouis dans la terre, rappelant les infrastructures existantes (égouts, canalisations électriques, conduites d’eau).
L’analogie que fait de Broin se rapporte directement au terme biologique du sporophore qui est la partie visible du champignon et l’organe reproducteur d’un réseau enfoui de filaments blancs appelé « mycélium ». Dans sa création, l’artiste pense l’architecture souterraine de la ville comme un vaste rhizome végétal faisant jaillir de son sous-sol de nouvelles entités organiques. Les formes sculpturales relient métaphoriquement l’antécédent industriel de l’endroit à sa nouvelle vocation paysagère, culturelle et récréative.
Un parc de proximité résilient et multifonctionnel
Le parc Pierre-Dansereau est l’un des lieux publics qui ont été planifiés dans le cadre de la rénovation de l’ex-gare de triage du CP et l’aménagement d’un quartier mixte autour du Campus MIL de l’Université de Montréal.
Les sculptures de Michel de Broin longent principalement la diagonale de l’ancienne emprise des voies ferroviaires du CP sur le site du Campus MIL à Outremont. Œuvres à dimension humaine, les créations s’insèrent sur le site du parc Pierre-Dansereau comme de nouveaux spécimens inventés. – Photo : Jean De Julio-Paquin
Depuis les années 2000, la question de la transition écologique incite davantage le milieu professionnel à innover et à favoriser de meilleures pratiques. Le projet élaboré par l’université montréalaise se voulait un modèle. Autant la gestion écologique des eaux pluviales que le verdissement et les besoins en loisirs de la population ont été abordés dès les premières études. À l’image de Pierre Dansereau, botaniste et écologiste, l’amélioration de la biodiversité faisait partie des préoccupations initiales des urbanistes, ingénieurs et architectes du paysage impliqués dans l’ouvrage. Il faut souligner cette manière de faire. Se rajoute aujourd’hui une dimension artistique par la réalisation d’un jardin de sculptures.
Les œuvres se déploient comme si elles émergeaient de terre pour former de nouvelles entités organiques, mi-humaines, mi-végétales. – Photo : Michel de Broin, 2022
Sporophores est la deuxième œuvre produite par le Bureau d’art public de la Ville de Montréal pour le site MIL ; une contribution significative qui fait du secteur l’un des mieux pourvus en œuvres d’art public. Les sculptures de Michel de Broin se fondent dans la végétation du parc. Le jour de notre visite, des enfants essayaient de les escalader. L’aspect étrange des œuvres incite à la curiosité. Il ne manque que des plaquettes indiquant le nom de l’artiste et expliquant la nature de son œuvre. Cet aspect éducatif est fondamental pour que les utilisateurs puissent avoir une appropriation commune de l’intention artistique du créateur. Notons que la réalisation de Michel de Broin tout comme celle de Patrick Bernatchez sur l’emplacement voisin n’ont pas encore été inaugurées. Selon nous, il y a un retard qu’il est impératif de combler.
Sporophores est la cinquième œuvre d’art public de Michel de Broin réalisée sur le territoire montréalais. Son avant-dernière œuvre, Dentrites (2017), a été édifiée dans le cadre du projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure à l’entrée du centre-ville de Montréal. Également connu à l’international, l’artiste a réalisé en 2020 la sculpture flottante Treasure sur le lac Silbersee en Allemagne. Il s’agit d’un échantillon grand format d’un grain de sable du lac composé de plans de miroirs qui forment un monolithe flottant comme un glaçon.